"Je me suis fait avoir avec vous", a déclaré Emmanuel Macron à des anciens du groupe Whirlpool à Amiens, qu'il a rencontrés lundi matin dans un café du centre-ville dans une ambiance très calme, au début d'un visite sur place. "Ça montre que malheureusement la bonne volonté ne suffit pas. On s'est parfois fait prendre pour des imbéciles. On s'est parfois fait avoir collectivement", leur a-t-il dit, en allusion à la succession de faillites des repreneurs de ce site industriel, où il s'est rendu à plusieurs reprises depuis 2017 en assurant à chaque fois que le site pouvait repartir.
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"Ça a été terrible"
"La dernière année a été tellement difficile, on nous a tellement menti. J'ai du mal à en parler, ça a été terrible", lui a dit une ancienne salariée, reconvertie dans l'immobilier. Il y a deux ans, le président de la République avait échangé avec les anciens de l'usine, qui ont connu depuis 2017 trois plans de licenciements après les échecs des deux repreneurs.
La rencontre de lundi matin, avec neuf anciens de Whirlpool dont quatre ex-syndicalistes, a été dévoilée sur Twitter par François Ruffin, le député LFI de la Somme. "Il a fallu insister très fort" pour cette rencontre, a déclaré le député LFI sur France Bleu Picardie. "Il y a une énorme lassitude quand on subit trois plans de licenciements, qu'il y a trois fois des repreneurs et qu'on vous dit trois fois "C'est la bonne" et que vous êtes à nouveau licenciés : vous finissez en miettes après une expérience comme celle-là", a ajouté François Ruffin.
43 personnes toujours en attente de reconversion
"Sur les 278 salariés initiaux, seuls restent à date 43 personnes à qui il faut trouver une solution", a précisé la DRH du groupe. 191 ont bénéficié d'emploi ou de formation (124 CDI, 41 CDD, 20 créations d'entreprise, 6 personnes en formation) et 41 sont parties en retraite ou pré-retraite. L'usine de sèche-linges Whirlpool avait fermé définitivement en juin 2018. Le premier repreneur WN avait connu une liquidation un an et demi plus tard et le second, Ageco, avait connu le même sort.
En 2017 dans l'entre-deux tours, l'usine était devenue un totem politique, après un duel-surprise sur place entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, tous deux promettant de sauver les emplois.