Cette fois, on y est. Après de longs mois de campagne, marqués par des vrai-faux suspenses sur l’identité des candidats, des attaques en règles et trois débats télévisés plus ou moins corsés, la primaire de la droite va connaître un premier épilogue dimanche soir, avec le premier tour de scrutin. Ils ne seront plus que deux, alors, à pouvoir prétendre à la candidature à la présidentielle de 2017. Evidemment, les sept candidats ne peuvent pas espérer une telle issue. Car tous ne visent pas la même chose, dimanche soir. Il y a ceux qui espèrent, ceux qui veulent limiter la casse, et ceux qui pensent à l’avenir.
- Trois pour deux places
C’est évidemment pour Alain Juppé, François Fillon et Nicolas Sarkozy que l’enjeu est le plus lourd. Car ces trois-là espèrent bien se qualifier pour le second tour. Avec en point de mire une victoire à la primaire, et une possible, sinon probable, accession à l’Elysée.
Ils sont trois donc, mais longtemps, ils n’ont été que deux. Pendant plusieurs semaines, la qualification semblait promise à Nicolas Sarkozy et à Alain Juppé. Mais tout récemment, lors de la toute dernière semaine, François Fillon a émergé. Et de manière spectaculaire, qui plus est. Au point que dans un dernier sondage Ifop diffusé jeudi, il talonne, avec 27% d’intentions de vote, Nicolas Sarkozy (30%) et Alain Juppé (31%). Le suspense est donc total.
L’enjeu est d’autant plus grand pour l’ancien président de la République et les deux anciens Premiers ministres qu’une défaite précipiterait sans doute la fin de leur carrière politique. Les trois ont en effet laissé entendre qu’ils menaient là leur dernière bataille. Enfin, si Nicolas Sarkozy était battu, il serait sous la menace de la justice, puisque son nom est encore associé à plusieurs affaires, et qu’il est mis en examen dans deux dossiers. Alors que s’il parvenait à retourner à l’Elysée, il serait assuré, de par son statut de président de la République, de ne pas être inquiété pendant au moins cinq ans.
- Pour Le Maire, limiter la casse
La fin de campagne est difficile pour Bruno Le Maire. Le chantre du renouveau espérait créer la surprise et accéder au deuxième tour, il devra se contenter, au mieux, de la quatrième place. La faute à des débats télévisés dans l’ensemble manqués, et à un thème qui n’a jamais vraiment pris dans l’opinion. Lui qui n’a jamais voulu envisager sa défaite sera bien obligé de prendre parti pour le second tour.
La suite de sa carrière politique dépendra aussi beaucoup du score qu’il sera capable de réaliser. Quand il avait affronté Nicolas Sarkozy pour la présidence de l’UMP en 2014, il avait recueilli près de 30% des voix des militants. Il en sera sans aucun doute très loin. Au-delà de 10%, il aura limité la casse. En-dessous, ce sera un échec cuisant. Dont il aura probablement du mal à se relever. D’autant que le vainqueur de la primaire sera l’un de ceux qu’il a voulu enterrer. Pas sûr donc qu’il lui tende une main amicale. Au moins à court terme.
- NKM, l’esprit tourné vers l’après
Nathalie Kosciusko-Morizet l’a admis sans ambages jeudi soir, à la fin du troisième débat : elle n’est pas en mesure de l’emporter dimanche soir. Un bel exemple de lucidité, contraint il est vrai par les sondages, qui n’ont jamais placé l’ancienne ministre à plus de 5% d’intentions de vote. Du coup, la députée de l’Essonne pense déjà à la suite. Avec un bon score, elle sera plus en mesure de monnayer son ralliement, contre un rôle décisif auprès du vainqueur, dans sa campagne et, pourquoi pas dans un futur gouvernement. Quant à ses ambitions personnelles, NKM devra attendre encore quelques années pour les assouvir.
- Copé et Poisson, objectifs déjà remplis
Jamais, ô grand jamais, et malgré leurs déclarations, ces deux-là n’ont envisagé la victoire. Ils se disputeront d’ailleurs dimanche soir la dernière place. Mais l’objet de leur engagement était de toute façon ailleurs. Jean-Frédéric Poisson souhaitait se faire un nom et faire connaître le parti qu’il préside, le Parti chrétien-démocrate. C’est plutôt réussi, même si le candidat a parfois brillé par ses sorties polémiques sur les lobbies sionistes ou sur sa proximité avec le Front national. Son retour à l’anonymat semble toutefois inévitable, à moins qu’il mise sur le bon cheval au second tour et négocie un poste.
Pour Jean-François Copé, il s’agissait surtout de faire son retour sur le devant de la scène politique, après l’affaire Bygmalion, dont il a finalement été mis hors de cause, mais qui l’a précipité dans un silence médiatique de plusieurs mois. Et au passage d’égratigner autant que faire se peut son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy. Là encore, sur ces deux points, c’est réussi. Et le député-maire de Meaux est suffisamment habile politique pour se faire une place dans les années à venir.