Jean-Christophe Cambadélis fait des pieds et des mains pour élargir sa primaire dite "de la gauche" mais qui, pour l’instant, ne réunit que le PS et l’UDE de Jean-Vincent Placé. Le patron des socialistes a appelé samedi Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron à se soumettre au scrutin, mais les deux candidats à la présidentielle refusent de compromettre la dynamique dont ils bénéficient.
Un vainqueur condamné à perdre ? "La gauche est éliminée du second tour depuis dix-huit mois ! Il n'y en a pas un qui va au second tour ! Pas un ! Quand bien même cette primaire se passerait bien, le vainqueur n'y arriverait pas", a répondu le fondateur d’ "En Marche !" dans les colonnes du Journal du Dimanche, fustigeant une "querelle de clan". Macron, c'est donc non. Et pour Mélenchon ?
Raté. Même refus de son côté : "Ce n'est pas la primaire de la gauche, je vous prie de bien vouloir l'admettre. C'est la primaire du parti socialiste. [...]." "Le parti radical de gauche a son candidat à l'extérieur, le parti EELV a son candidat à l'extérieur, et qui plus est Yannick Jadot qui était un chaud partisan des primaires. Pourquoi vient-on me demander à moi de rallier cette primaire ? Personne ne peut croire un instant que je vais y aller", a déclarée dimanche, sur France 3, le candidat de la France insoumise.
Main tendue. Alors que 45% des sympathisants de gauche estime que Manuel Valls - dont la candidature est attendue en début de semaine -, serait le meilleur candidat à cette primaire, Arnaud Montebourg se classe en deuxième position avec 25% d’opinions favorables, selon un sondage Ifop publiée par Le Journal du Dimanche. L’ex-ministre du Redressement productif doit donc encore convaincre s’il veut inquiéter le chef du gouvernement et décrocher l’investiture de son camp.
Invité de Questions politiques sur Franceinfo, c’est également vers Jean-Luc Mélenchon qu'il se tourne, envisageant une alliance avec l’eurodéputé, qui reste le candidat le mieux placé à gauche pour 2017 dans de nombreuses enquêtes d’opinions. "Je me tournerai vers lui et lui proposerai un accord de gouvernement", assure-t-il, sans plus de précision quant aux modalités de cet accord. Le promoteur du "made in France" se dit également prêt a rallier la candidature de Mélenchon à la condition que celui-ci accepte de participer à la primaire : "Qu’il vienne gagner à la primaire, et dans ce cas-là, je le soutiendrais s’il gagne."
Le candidat capable de réconcilier les gauches ? "Si Jean-Luc Mélenchon pense être le meilleur, il est encore très simple d’être candidat à la primaire de la gauche. Il la gagnera dans ce cas-là, et il sera le candidat de toute la gauche, des écologistes - je l’espère - aux socialistes, en passant par tous les autres. Ce serait formidable car ça voudrait dire qu’il serait capable d’être au second tour de la présidentielle", avait lancé, non sans ironie, Benoît Hamon, jeudi, sur le plateau de Télé Matin. Le député des Yvelines a néanmoins estimé que, "dans le scénario actuel", Jean-Luc Mélenchon n'était pas capable de passer le premier tour, "pas plus qu'aucun autre à gauche".
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Le vent en poupe. Crédité de 11,5 à 13% des intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon se classe en quatrième position au premier tour de l’élection présidentielle, juste derrière Emmanuel Macron (13 à 17,5%), selon une enquête Kantar Sofres Onepoint pour RTL, Le Figaro et LCI réalisée fin novembre, avant le renoncement de François Hollande. Il arrive également en tête des hommes politiques de gauche préférés des Français dans le palmarès YouGov de décembre.
Macron, un candidat trop ambigu. Prêt à accueillir Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg se montre en revanche plus mesuré lorsqu’il s’agit d’évoquer une hypothétique participation d’Emmanuel Macron à la primaire. "Je n’arrive pas à savoir qui il est", a déclaré celui qui reste l’un des principaux leaders de l’aile gauche du PS à propos du candidat qui se veut "ni de gauche, ni de droite". "Je l’ai entendu dire qu’il y avait de très bonnes propositions dans le programme de François Fillon", a encore relevé Arnaud Montebourg, toujours au micro de Questions politiques. "Ça devient difficile de trouver de bonnes propositions dans le programme de François Fillon, j’aimerai savoir lesquelles", interroge-t-il.