Emmanuel Macron tape du poing sur la table avec les pays du Maghreb. Alors que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc refusent de reprendre leurs ressortissants expulsés du territoire français, la France a décidé de réduire drastiquement le nombre de visas accordés à ces pays comme l'a révélé Europe 1 mardi matin. Concrètement, le gouvernement français divise par deux le nombre de visas délivrés pour l'Algérie et le Maroc, et de 30% pour la Tunisie, en s'appuyant sur les chiffres de 2020.
Si cette mesure de rétorsion prise par Emmanuel Macron peut être remise en perspective à six mois de l'élection présidentielle, pour Mustapha Tossa, journaliste franco-marocain, les ministères des Affaires étrangères des pays du Maghreb sont "sous le choc car ils ne pouvaient pas s'attendre à une action aussi spectaculaire, aussi drastique". C'est ce qu'il a affirmé sur Europe 1.
"Augmenter le nombre de visas est une demande permanente"
Quelques heures après la révélation de ces mesures de rétorsion, le Maroc a regretté une décision selon lui "injustifiée". "Le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes, avec une logique de responsabilité et d'équilibre entre la facilitation des déplacements des personnes (…) et la lutte contre la migration clandestine", a affirmé Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. "La décision (de la France) est souveraine. Le Maroc va l'étudier, mais les raisons qui la justifient nécessitent de la précision, un dialogue, car elles ne reflètent pas la réalité", a-t-il ajouté.
"Recourir à cette arme de sanction des visas, cela surprend de la part des Français", explique le journaliste, qui rappelle l'importance de ces documents pour les Maghrébins. "La demande d'augmenter le volume de visas est une demande permanente. Cette sanction va avoir beaucoup d'effets. Les réseaux sociaux au Maghreb s'en sont emparés, et il y a beaucoup de commentaires, de réactions", souligne Mustapha Tossa.
Des tensions à venir entre la France et les pays du Maghreb ?
La mesure permet à la France de faire pression sur les pays du Maghreb afin qu'ils délivrent des laissez-passer consulaire, un document nécessaire pour appliquer l'expulsion d'un ressortissant du territoire français. "La France tape dans le symbolique et dans ce qui la lie avec ces pays", reconnaît le journaliste franco-marocain. "Cela concerne les voyages d'agrément, d'affaires ou d'études. Réduire de moitié le nombre de visas, c'est inédit", enchérit-il.
Mais Mustapha Tossa met en garde contre une détérioration des relations entre la France et les pays du Maghreb. "Cette décision va-t-elle vraiment pousser ces pays à changer de comportement par rapport à la réception de leurs citoyens ?", ajoute-t-il, en se demandant si les Maghrébins qui viennent en France pour le tourisme, les études et les affaires seront vraiment pénalisés.