La rencontre tant attendue entre Elisabeth Borne et l'intersyndicale pour sortir du conflit des retraites s'est soldée mercredi par un "échec" selon les syndicats, qui voient une "crise démocratique" dans le refus de la Première ministre de retirer la réforme contestée. D'après Franck Riester, "il n'y a pas de crise démocratique".
"Nous parlons d'une réforme présentée pendant l'élection présidentielle, qui prend en compte un certain nombre d'éléments demandés par les organisations syndicales et par les forces politiques. Le président de la République voulait reporter l'âge de départ à 65 ans, finalement c'est 64 ans. Ce n'est pas le texte du gouvernement, c'est le texte du Parlement, après 175 heures de débat, après plusieurs votes au Sénat, à l'Assemblée nationale... Où est la crise démocratique ?", a déclaré le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement.
"On ne fait pas cette réforme pour se faire plaisir"
"Qu'il y ait une opposition forte, oui, mais est-ce que ça doit empêcher la réforme, non", a-t-il ajouté. "On ne fait pas cette réforme pour se faire plaisir. On la fait parce que c'est nécessaire pour sauver notre système de retraite par répartition qui est menacé par les déficits à venir."
De son côté, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé vendredi à ne pas "brusquer les choses" et à respecter "une période de convalescence" afin d'éviter que les syndicats ne "sortent humiliés de cette séquence" de la réforme des retraites, selon des propos rapportés par le journal Le Monde.
Ce ton très conciliant tranche avec les propos tenus par le président Emmanuel Macron mercredi en marge d'un déplacement en Chine. Il avait, via son entourage, nié toute "crise démocratique en France" et assuré avoir un mandat clair pour réformer les retraites. Il s'était également inquiété des "violences" qui émaillent les contestations.
Une mobilisation en reflux
"Près de 2 millions" de personnes ont manifesté jeudi dans toute la France lors de la 11e journée d'action, selon le décompte de l'intersyndicale, tandis que le ministère de l'Intérieur en a recensé 570.000. Une mobilisation en baisse par rapport à la précédente journée le 28 mars. Quelques heurts ont éclaté entre plusieurs centaines de manifestants radicaux et les forces de l'ordre.
"Quand il y a des oppositions à des politiques menées par le gouvernement, elles peuvent s'exprimer dans le calme. Quand il y a des violences, il faut les sanctionner, les condamner, ce que ne fait pas un certain nombre de partis politiques, à commencer par La France insoumise qui a tendance à toujours moduler son propos quand il s'agit des violences", a observé Franck Riester.
"On voit bien que le projet politique de La France insoumise, ce n'est pas un projet social, c'est un projet politique de chaos, de créer le désordre et la bordélisation du Parlement et de notre pays", a-t-il tonné au micro d'Europe 1.