C'est la rentrée pour le gouvernement. Après quelques jours de vacances, les ministres se remettent progressivement au travail et le programme est chargé, notamment en matière de réformes économiques et fiscales. Alors que de nombreux Français rentrent de vacances et prennent connaissance de cette actualité, le Premier ministre Édouard Philippe a fait le point, jeudi, sur les travaux engagés.
- Réforme du marché du travail
Après deux mois de discussions avec les partenaires sociaux, la réforme du marché du travail voulue par Emmanuel Macron se concrétise. Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud présenteront les ordonnances le 31 août, en vue d'une publication le 25 septembre. "Il y aura cinq ordonnances qui vont transformer le droit du travail. Les textes ont été rédigés après beaucoup de discussions, on va désormais les présenter aux partenaires sociaux", a précisé le Premier ministre sur RMC/BFMTV.
Évoquant les critiques et les manifestations à venir, Édouard Philippe a assuré qu'il n'y aurait pas de mauvaises surprises par rapport à ce qu'Emmanuel Macron avait décidé durant sa campagne : "Ces ordonnances sont l’écriture de ce qui a été décidé dans la loi d’habilitation au Parlement".
Édouard Philippe est également revenu sur les propos de François Hollande qui a mis en garde Emmanuel Macron, mercredi, sur une flexibilité accrue du marché du travail. "J’entends ses remarques. Mais je note aussi que François Hollande a fait en 2016 une réforme du marché du travail qui n’avait pas été prévu durant sa campagne présidentielle, qui n’a pas été discuté avec les organisations syndicales et qui a mené au blocage", a tancé le Premier ministre. "Je préfère de très loin la méthode que nous avons utilisée, avec un intense travail de discussion avec l’ensemble des organisations patronales et syndicales."
- Contrats aidés
L'annonce du gouvernement de réduire le nombre de contrats aidés a vivement fait réagir les associations et les élus locaux à quelques jours de la rentrée scolaire. Face à la grogne, Édouard Philippe a réévalué le nombre de contrats aidés pour 2017 : "On terminera à 320.000 contrats aidés à la fin de l'année". Le budget pour 2017 prévoyait 280.000 contrats aidés et une rallonge de 13.000 avait été accordée en juillet, bien en deçà des 459.000 contrats de 2016. "Il y a 15 ans, c’était 900.000 et vous remarquerez que ça n’a pas contribué à réduire le chômage", a-t-il dit.
Et le chômage ?
Interrogé sur la parution des chiffres du chômage par Pôle emploi jeudi à 18h, le Premier ministre a expliqué qu'il n'était "pas sûr que les chiffres de juillet soient exceptionnels". "Mais il faut regarder trimestre par trimestre", a-t-il demandé.
"Mon objectif n'est pas de dire 'les contrats aidés, c'est mal'". Pour les personnes concernées, c'est "momentanément utile", et pour les collectivités, un gain de coût. "Mais à la fin de la fin", "c'est une politique publique qui ne produit pas de bons résultats pour le retour à l'emploi", et s'avère "très onéreuse", a argumenté le Premier ministre. Il a par ailleurs laissé entendre que le tour de vis serait beaucoup plus fort en 2018. "Il y aura encore des contrats aidés" mais "il y en aura moins que ce qui existe aujourd'hui", a-t-il martelé. Et à la question de savoir si ce serait "pas de plus de 200.000 contrats" : "Ah non", a-t-il répondu. "On fera en sorte que l'utilisation des contrats aidés dans l'éducation nationale et les outre-mer soit préservée", a nuancé le Premier ministre.
Édouard Philippe a par ailleurs réitéré la préférence du gouvernement pour la formation professionnelle. "Nous préférons avoir une politique active de l’emploi en réduisant le coût du travail. 25% seulement des gens qui disposent d’un contrat aidé trouvent un emploi durable. Au lieu de faire des contrats aidés, nous préférons financer des formations individualisées qui permettent un retour durable à l’emploi. Je préfère des dépenses efficaces au long court que des dépenses de court terme inefficaces", a-t-il soutenu.
- Hausse de la CSG et baisse des cotisations salariales
Concernant la hausse de la CSG et la baisse des cotisations salariales, Édouard Philippe a confirmé la volonté du gouvernement d'agir en deux temps. Les cotisations salariales baisseront d'"un peu plus de deux points" dès le 1er janvier 2018, puis d'"un peu moins d'un point" en septembre-octobre, pour un total de 3,15 points, a indiqué le chef du gouvernement. Soit 2,2 points le 1er janvier, puis 0,95 points à l'automne 2018, a précisé jeudi le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. En parallèle, le gouvernement va augmenter au 1er janvier de 1,7 point la Contribution sociale généralisée (CSG) pour compenser la baisse des cotisations sociales. "Dès le 1er janvier, il y a un gain de pouvoir d'achat pour les actifs", a défendu Édouard Philippe.
Ce transfert du financement de la protection sociale vers la CSG concernera les actifs et les indépendants. Le Premier ministre a précisé que la hausse de la CSG ne touchera pas "les petites retraites, les indemnisations chômage et les indemnités journalières". Pour les fonctionnaires, "on discute avec les partenaires sociaux pour trouver un moyen de compenser la hausse de la CSG. L’idée est que tous les actifs bénéficient de la réforme". En revanche, la question des pensions d’invalidité n'est "pas encore tranchée".
- Pouvoir d'achat
Pêle-mêle, Édouard Philippe a annoncé ou confirmé plusieurs mesures en faveur du pouvoir d'achat des Français. Il a ainsi mentionné les augmentations de la prime d'activité et du minimum vieillesse, sans donner de chiffres. Quant à l'allocation adulte handicapé, elle bénéficiera d'une "augmentation massive" en 2018, l'objectif étant "à terme, de la passer au-dessus du seuil de pauvreté". Par ailleurs, le Premier ministre a affirmé que "les pensions de retraite seront revalorisées le 1er octobre au niveau de l’inflation".
Dernière annonce, et non des moindres : la baisse de 30% dès 2018 de la taxe d’habitation pour 80% des Français. Une précision apportée par les services de Matignon alors que le chef du gouvernement avait affirmé quelques minutes auparavant que 30% des Français bénéficieraient l'an prochain de cette première phase de la suppression de cette taxe, annonce erronée. "La taxe d’habitation est un mauvais impôt, un impôt injuste. Elle n'a jamais pris en compte les évolutions de richesse au sein même des quartiers", a justifié Édouard Philippe.