Le ministre de l'Intérieur a défendu vendredi le travail "extrêmement rapide" des services de renseignement français ayant abouti à l'arrestation en mars d'un réfugié irakien soupçonné d'avoir été un cadre du groupe État islamique (EI), tout en promettant "un meilleur criblage" des demandeurs d'asile.
"Les services ont fait, je crois, leur travail de manière extrêmement rapide", a commenté Gérard Collomb. "Nous le suivions avec la DGSI dès le mois suivant" l'acceptation de sa demande d'asile, a-t-il souligné en marge d'un déplacement à Périgueux, en Dordogne. Et "la personne n'a jamais cessé d'être suivie par nos services de renseignement depuis cette période", a-t-il ajouté.
Un asile politique obtenu en juin 2017. Selon une source proche du dossier, Ahmed H., arrivé en France à l'été 2016, avait obtenu en juin 2017 l'asile politique auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), lui donnant ainsi une carte de résident de dix ans. Ce statut protecteur lui a été retiré dans la foulée de son incarcération. "Nous essayons de cribler toutes les personnes qui peuvent demander l'asile et nous renforçons d'ailleurs ce dispositif", a poursuivi le ministre en référence à l'article 4 du projet de loi asile-immigration qui sera examiné au Sénat du 19 au 22 juin.
"Ce n'est pas seulement le passé de la personne qui est exploré." Dans cet article, "nous renforçons à la fois le criblage et le 'rétrocriblage' de l'ensemble des personnes qui ont pu à un moment donné demander l'asile ou le demandent", a-t-il précisé. Par ailleurs, "lorsque des événements comme celui-ci se produisent, ce n'est plus simplement le passé de la personne qui est exploré mais aussi le passé de toutes celles et tous ceux qui auraient pu venir dans la même cohorte en France", a dit Gérard Collomb.
L'homme aurait profité de la crise migratoire. Interrogé sur le cas précis de Ahmed H., il explique que "c'est aujourd'hui le pôle judiciaire qui est chargé du dossier". Selon une source proche de celui-ci, la DGSI avait obtenu au cours de l'été 2017 une information indiquant qu'un certain Ahmed H., suspecté d'avoir été membre de l'EI, pourrait avoir trouvé refuge en France en profitant de la crise migratoire.
Cet homme de 33 ans est soupçonné par la justice antiterroriste française d'avoir participé en juin 2014 au massacre du camp militaire de Speicher, à Tikrit, au nord de Bagdad. Des hommes armés avaient alors enlevé des centaines de jeunes recrues de l'armée, essentiellement chiites, qu'ils avaient exécutées un par un, tuant jusqu'à 1.700 personnes dans cette ville alors occupée par les djihadistes de l'EI.