En Centre-Val de Loire, le scrutin pour les régionales s'annonce serré. À trois semaines des élections, le résultat final est très incertain et risque de dépendre fortement des résultats au premier tour ainsi que des alliances conclues avant le second. En effet, si le candidat du RN Aleksandar Nikolic est en tête avec 28% des intentions de vote au premier tour, son réservoir de voix est faible. Face à lui, le ministre Marc Fesneau et le président socialiste sortant François Bonneau comptent réussir à s'imposer.
"Il y a une dynamique du RN", selon la tête de liste
Le Rassemblement national est donné vainqueur d'après certains sondages dans un cas spécifique. Il peut l'emporter en quadrangulaire avec 30% des voix. Un succès qui n'est pas tant lié au candidat qu'à l'étiquette RN puisque la tète de liste est peu connue : Aleksandar Nikolic a 34 ans et est conseiller municipal.
Pour faire campagne malgré la pandémie il mise sur son camping-car de la ruralité, qui sillonne les villages, affichant son portrait et celui de de Marine Le Pen. Il a déjà parcouru plus de 4.200 km à travers les villages de la région. "Cela permet d'être identifié plus facilement. Il y a une dynamique du RN qui touche la région centre à 10-11 mois de la présidentielle, cruciale pour l'avenir du pays, et je peux vous assurer qu'on sera un très bon test", estime-t-il.
"Si on remporte la région, on prouvera qu'on est capables de diriger des exécutifs comme une région et c'est peut être le petit plus qui nous permettra de gagner la présidentielle", explique la tête de liste. Signe que le RN mise beaucoup sur le Centre-Val de Loire, Marine Le Pen s'y rendra le 10 juin, dans la dernière ligne droite de la campagne, pour soutenir son candidat.
Le PS contre le RN et la majorité
Pour contrer le RN, le président sortant PS François Bonneau, donné à 19% au premier tour, a fait venir l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve lors d'un meeting en plein air le dernier week-end de mai. "Ce n'est pas les solutions face à l'insécurité qu'ils cherchent. C'est l'insécurité qu'ils désirent pour pouvoir politiquement prospérer. Une seule solution, si on veut éviter l'extrême-droite, c'est de se rassembler autour de François Bonneau", a martelé Bernard Cazeneuve.
Mais le candidat sortant a un autre adversaire : le ministre MoDem des relations avec le Parlement Marc Fesneau. Sa double casquette agace le socialiste. "On n'a pas besoin d'un ministre en fin d'exercice, on a besoin d'un président de région. on n'a pas besoin de quelqu'un qui considère que la présidence de région c'est un lot de consolation", tacle-t-il. Pour garder la tête de la région, il compte bien sur le ralliement de la liste écologiste au second tour. Charles Fournier défend les couleurs d'EELV et de LFI et est actuellement crédité de 11 %, ce qui pourrait lui permettre de se maintenir ou de fusionner.
Marc Fesneau aura besoin d'alliés
Face à cela, Marc Fesneau joue la gagne. Le représentant de la majorité pourra lui aussi compter sur le soutien d'un ex-Premier ministre. Edouard Philippe est attendu dans la région pour le soutenir vendredi. Il est l'un des rares candidats macronistes à pouvoir rêver de remporter une région. Donné à 21% au premier tour, il lui faudrait des alliés pour gagner au second, mais la question est taboue pour Marc Fesneau. "La question se posera le soir du premier tour", élude-t-il.
Et si le RN est en tête ? "C'est bien l'équation qui sera posée à tout le monde. Donc, à ce moment-là, il faudra réfléchir à la manière qu'on a de répondre à cette équation-là".
"C'est à la fin du marché qu'on compte les bouses"
La réponse pourrait être une alliance avec Nicolas Forissier, le candidat Les Républicains crédités de 16% des intentions de vote. Mais pour le candidat soutenu par LR, l'UDI et les Centristes, le sujet est là encore tabou. "Nous verrons bien le soir du premier tour. Je trace ma route, et comme on dit souvent dans le Berry, c'est à la fin du marché qu'on compte les bouses", sourit Nicolas Forissier. Reste qu'avant le premier tour, il pourra également bénéficier de renforts nationaux : le président du Sénat Gérard Larcher et l'aspirant candidat à la présidentielle Michel Barnier ont prévu de venir le soutenir. Comme chacun semble vouloir se maintenir, il faudra attendre le 20 juin pour voir comment s'organise, ou pas, le barrage au RN.
Deux autres listes sont en course pour la présidence de la région. Le binôme Jeremy Clément et Christelle de Crémiers représente Démocratie écologique, tandis que Farida Megdoud sera la candidate de Lutte ouvrière. Autant de paramètres qui rendent le résultat très incertain.