La fusion des trois listes de gauche en lice aux régionales en Ile-de-France a été scellée lundi autour de l'écologiste Julien Bayou qui a réalisé le meilleur score parmi elles au premier tour, et tentera dimanche de battre la sortante Valérie Pécresse. Après une douzaine d'heures de négociations, à grand renfort de "calculettes" et de "produits en croix", selon un observateur, la fumée blanche est apparue en début d'après-midi sous la forme d'un tweet de Julien Bayou : "Ça y est, nous sommes uni-es avec Audrey Pulvar et Clémentine Autain pour l'écologie et la solidarité en Ile-de-France!"
La gratuité dans les transports pour les moins de 25 ans ?
Arrivés à la table des négociations au milieu de la nuit, dans la foulée de l'annonce tardive des résultats, les trois candidats ont conclu un accord de fusion qu'ils devaient présenter lors d'un déplacement commun à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en fin d'après-midi. L'occasion pour Julien Bayou de se présenter pour la première fois en meneur de troupes après avoir remporté, avec 12,95% des voix, une "primaire" serrée devant Audrey Pulvar (11,07), soutenue par le PS, et Clémentine Autain (10,24), candidate de LFI et du PCF.
Dès dimanche soir, la maire PS de Paris Anne Hidalgo, dont Audrey Pulvar est l'adjointe, appelant à "un large rassemblement des forces de gauche et des écologistes" aux côtés de Julien Bayou, et Clémentine Autain, évoquant une "l'alliance des trois listes emmenée par Julien Bayou", avaient mis fin au suspense théorique. Mais quid de la pratique, et d'abord de l'accord programmatique ? Audrey Pulvar avait fait de la gratuité progressive des transports en commun une proposition non "négociable", alors que Julien Bayou y était opposé, estimant qu'on ne pouvait mener de front "la rénovation et la gratuité".
Selon Céline Malaisé (PCF), présente aux négociations pour Clémentine Autain et interrogée par l'AFP, l'accord prévoit la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans, ce que promettait Clémentine Autain, sans calendrier mais avec "l'objectif d'essayer d'élargir le plus possible la tarification sociale". Pendant la campagne, Clémentine Autain et Julien Bayou avaient aussi fait front commun contre le projet de gare du Triangle de Gonesse (Val-d'Oise), alors qu'Audrey Pulvar était restée plus en retrait. Selon Céline Malaisé, l'accord de fusion prévoit de "préserver les terres agricoles" de Gonesse et Saclay (Essonne), autre projet d'urbanisation contesté par les écologistes.
Toujours dans les transports, compétence phare de la région, les trois candidats ont pris position sur le "refus de l'ouverture à la concurrence", selon l'élue communiste. Alors que Julien Bayou voulait transformer Le Bourget en un "gigantesque parc", les trois candidats ont également acté une stratégie à "long terme" de "reconversion des filières aéronautique et automobile" pour l'aéroport d'affaires, afin de "préserver les emplois et penser les emplois de demain", indique Céline Malaisé.
La gauche a-t-elle une chance de l'emporter en Île-de-France ?
Cela suffira-t-il pour faire rebasculer à gauche une région que Valérie Pécresse lui avait arrachée en 2015 ? Avec un total de 34,26% des voix au premier tour, les trois listes cumulées se retrouvent proches du score de Valérie Pécresse (35,94%). Ce qui fait dire à Julien Bayou, lundi matin sur franceinfo, qu'"il y a une chance immense" de battre la sortante. Mais selon un sondage réalisé début juin avec les trois hypothèses testées au second tour, le report de voix n'est pas total pour Julien Bayou (27%) et Valérie Pécresse serait réélue.
Dimanche soir, cette dernière n'a pas fait de mystère sur son principal adversaire, fustigeant la "coalition d'une gauche radicale qui inclut l'extrême gauche de M. Mélenchon" et cherchant à grappiller les voix de Jordan Bardella (RN, 13,12%) et Laurent Saint-Martin (LREM, 11,76%) : "S'abstenir ou disperser les voix, en votant RN, ou même en votant LREM, c'est faire élire cette gauche extrême", a-t-elle dit.