"Il est hors de question de laisser le Front national gagner une région, donc tout devra être fait pour l'empêcher". Invité du Bondy Blog et de RFI mardi, Manuel Valls s'est montré ferme sur l'attitude à adopter face au FN aux élections régionales de décembre. Le Premier ministre a toutefois donné "rendez-vous le soir du premier tour". "Nous ferons l'addition (...) avec le score des autres listes de gauche, parce qu'elles vont devoir fusionner. Et à partir de là, on verra quelle est la stratégie", a-t-il déclaré.
Cambadélis avait enterré le "front républicain". Certes, Manuel Valls ne prononce pas les mots "front républicain", mais c'est tout comme. On croyait pourtant l'idée enterrée par Jean-Christophe Cambadélis. Mi-septembre, le premier secrétaire du PS avait estimé dans Libération que "les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le front républicain".
Fureur dans l'équipe PS du Nord. Manuel Valls, lui, dit l'inverse : si les scores sont trop faibles, il faudra se résoudre au désistement. A l'Elysée, on valide à 100% la formulation du Premier ministre. En revanche, parmi les socialistes qui font campagne dans les régions où le FN est en position de force, on apprécie beaucoup moins les déclarations du locataire de Matignon, et c'est peu de le dire.
C'est particulièrement le cas en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. L'intervention de Manuel Valls mardi soir est survenue au beau milieu du débat entre les candidats dans cette région, organisé par Europe 1 et iTélé, alors que la tête de liste socialiste Pierre de Saintignon se démenait face à Marine Le Pen et Xavier Bertrand, qui le distancent dans les sondages. Dans l'équipe du candidat PS, on était furieux : pour elle, le Premier ministre a laissé entendre que le premier tour était perdu d'avance.
Renoncer à avoir des élus régionaux. Certes, Manuel Valls a rappelé qu'il faudrait attendre le soir du premier tour, le 6 décembre, pour déterminer la stratégie à adopter. Mais les règles sont posées : le Premier ministre ne veut pas du FN. Il y aura donc deux éventualités pour le PS. Soit le total des voix de gauche sera suffisant pour garantir une défaite de l'extrême droite, et les socialistes pourront se maintenir. Soit ce cumul ne fera pas le poids face aux frontistes, et dans ce cas, il faudra se sacrifier. Sacrifice, le mot n'est pas trop fort, puisque se désister entre les deux tours revient à se priver d'élus au conseil régional pendant six ans. Une pilule difficile à avaler pour les socialistes.