Au soir du 6 décembre, premier tour des élections régionales, Wallerand de Saint-Just ne sera pas en position de devenir le futur président de la Région Ile-de-France. Et pourtant, à n’en pas douter, il plastronnera. Car plus l’échéance approche, plus le candidat du Front national grimpe. Dans un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mercredi, il fait même jeu égal avec le socialiste Claude Bartolone au premier tour (23%) et atteint la barre symbolique des 25% au second tour. Des scores historiques qui lui permettraient, comme d’autres candidats FN en France, de se proclamer comme le grand vainqueur du scrutin.
De 9,29% en 2010 à plus de 20% en 2015 ? Car les faits sont là. Les terribles attentats du 13 novembre à Paris profitent électoralement, à en croire les études d’opinion, aux candidats du Front national. A Marine Le Pen, qui accentue son avance en Nord-Pas de Calais-Picardie, à Marion Maréchal-Le Pen, dont la victoire en Paca apparaît de plus en plus possible, et à Wallerand de Saint-Just donc. Mais le mouvement est en fait plus profond. "Tout le monde pense qu'il y a un effet attentat, et c’est vrai. Mais en fait, cet effet joue simplement un rôle catalyseur, il amplifie une tendance déjà à l'oeuvre depuis plusieurs années en Ile-de-France", explique Frédéric Dabi, de l’Ifop. Depuis les régionales de 2010 en effet, à chaque élection, le FN grimpe inexorablement. 9,29% en 2010, 12,28 % à la présidentielle de 2012, pour Marine Le Pen, et 17,31% aux européennes de 2014.
"Des bonnes chances de dépasser les 10% à Paris". N’empêche. S’il dépasse les 20%, Wallerand de Saint-Just, ancien avocat du FN, aurait tort de se priver. "Il fera plus que doubler le score des dernières régionales, et surtout, il dépassera l’étiage des européennes, qu’on présente souvent comme un scrutin défouloir, très favorable au FN", relève Frédéric Dabi. "Incontestablement, un tel score serait spectaculaire. D’autant qu’il a également de bonnes chances de dépasser les 10% à Paris, ce qui serait là aussi un événement", précise encore le directeur général adjoint de l’Ifop.
Surtout, c’est désormais Claude Bartolone qui sent le souffle de Wallerand de Saint-Just sur sa nuque. Pour le président de l’Assemblée nationale, une troisième place au soir du premier tour serait catastrophique et mettrait sans doute un point final à ses ambitions de diriger la Région. "Il disposerait de très grandes réserves de voix, mais symboliquement, ce serait très fort, et ça casserait toute dynamique de victoire", abonde Frédéric Dabi.
Des handicaps. Et pourtant, Wallerand de Saint-Just part avec des handicaps. Il souffre d’un déficit de notoriété et a été mis en examen en septembre dans le cadre d’une enquête sur le financement du FN, dont il est le trésorier. En outre, jusqu’au funeste 13 novembre, il avait peine à exister dans la campagne. "Sa chance, c’est qu’il n’y a désormais plus de campagne", assène Frédéric Dabi. Depuis les attentats d’ailleurs, Le candidat frontiste s’est rebiffé. Il a ainsi récemment proposé que tous les salariés de la RATP soient passés au crible afin d’écarter les éventuels radicalisés, ou que la ville de Saint-Denis, où des terroristes avaient trouvé refuge, soient mise sous tutelle. Bref, il surfe sur la vague sécuritaire.