La majorité s’est attirée samedi les foudres de l’opposition, mais aussi des partenaires sociaux et des associations, en rejetant la proposition d’un député centriste d’allonger de cinq à douze jours le congé d'un salarié en cas de décès d’un enfant. Emmanuel Macron y est également allé de son avertissement : le chef de l'Etat a demandé au gouvernement "de faire preuve d'humanité" face à de telles situations. "Il y a eu une erreur collective", a reconnu dimanche, au micro de Bernard Poirette sur Europe 1, Adrien Taquet, le secrétaire d'Etat chargé de la Protection de l’enfance auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé.
"J’endosse la partie gouvernementale, je n’ai pas à me prononcer sur les parlementaires. Il y a eu une erreur d’appréciation sur ce texte de la part du gouvernement. Je n’ai aucun problème a reconnaître les erreurs que l’on a faites. Que ce soit aujourd’hui l’occasion de rectifier, voire de faire mieux !", explique Adrien Taquet. "Il y a la question de l’allongement des congés. […] Cinq n'est pas suffisant, il faut aller à douze et peut-être au-delà", estime le secrétaire d'Etat. "Mais il y a aussi la question de l’accompagnement psychologique, et des questions financières. Des dispositifs existent pour les frais d’obsèques, mais est-ce suffisant ?"
"La question du financement n’est pas le sujet"
Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a estimé que le texte rapporté par le député UDI-Agir Guy Bricout ne s’appuyait pas sur un principe de solidarité nationale, mais proposait des congés "payés 100% par l’entreprise". Cet argumentaire n’a pas vraiment été apprécié par le patronat. "Le Medef s'honorerait à demander un nouveau vote de cette proposition", a tweeté l’ancienne patronne de l’organisation, Laurence Parisot, aussitôt reprise par l’actuel président Geoffroy Roux de Bézieux. "C'est une évidence et c'est lancé", a-t-il écrit. "La question du financement n’est pas le sujet", assure toutefois Adrien Taquet. Avant d’ajouter : "Je suis ravi que les entreprises veulent être au rendez-vous et prennent leur part, mais je dis que la solidarité nationale doit être aussi au rendez-vous."
Chère @LaurenceParisot tu m’a devancé de quelques minutes mais c’est une évidence et c’est lancé https://t.co/daU07qADux
— G Roux de Bézieux (@GeoffroyRDB) January 31, 2020
Un possible amendement du texte devant le Sénat
"Dès lundi ou mardi - on organise ça avec Muriel Pénicaud -, on va rencontrer les associations pour bâtir ensemble une réponse globale", indique encore ce responsable gouvernemental. "Il y a l’opportunité d’amender ce texte au Sénat", précise-t-il. "Je ne sais pas quand ce texte passera devant le Sénat, ça n’est pas le gouvernement qui maîtrise ce calendrier. Ce qui est sûr, c’est que nous voulons aller vite. À la fois dans la définition du dispositif […], et d’un point de vue législatif", martèle Adrien Taquet. "Il faut que cela se traduise vite dans le texte pour que cela se traduise vite dans la vie des gens."