La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s'est affichée mercredi aux côtés des députés du groupe indépendant Liot pour soutenir leur proposition de loi d'abrogation de la réforme des retraites, attendue le 8 juin dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. À la sortie de ce rendez-vous à l'Assemblée avec les élus Liot, Sophie Binet a décrit "une réunion très fructueuse, de sortie de crise". Abroger la réforme des retraites permettrait "de passer à autre chose et de pouvoir enfin parler des vrais sujets de préoccupations des salariés, l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail, les questions environnementales", a-t-elle estimé.
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La question de l'étape du Sénat
"J'appelle solennellement l'ensemble des députés le 8 juin prochain à prendre leurs responsabilités et voter cette proposition de loi", a insisté la responsable syndicale. "La différence entre les députés, quelles que soient leurs couleurs politiques, et le président de la République, c'est que les députés, ils ne sont pas enfermés dans leur palais, ils sont un minimum en contact avec la population".
Mais si le texte passait à l'Assemblée, comment franchir l'étape du Sénat, où la droite soutient la réforme promulguée mi-avril ? "On fait les choses par étapes. Là, on est sur l'étape de l'Assemblée nationale. Ensuite, on ira échanger avec les sénateurs et les sénatrices. Bruno Retailleau (le patron des sénateurs LR) n'ignore pas l'état de colère du pays face à cette réforme injuste, violente", a répondu Sophie Binet.
Une conférence sociale proposée
À ses côtés, le président du groupe Liot Bertrand Pancher a souligné la "très grave crise sociale et politique. Nous voulons en sortir par le haut" avec cette proposition de loi, a-t-il argué. Son groupe composite, rassemblant centristes, dissidents socialistes, élus corses et ultramarins, a reçu la veille Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT. Outre l'abrogation du report de l'âge légal à 64 ans, le texte propose la réunion d'une conférence sociale pour remettre à plat la question du financement du système de retraites.
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Il a fait l'objet de "premières escarmouches" lors d'un bureau de la commission des Finances mercredi, selon Charles de Courson, rapporteur de la proposition de loi. "Ca a chauffé" sur la manière d'apprécier sa recevabilité financière. Les macronistes reprochent à Liot une proposition "qui coûte 15 milliards d'euros" et dont les auteurs "savent pertinemment que même si elle devait être adoptée, elle n'irait pas au bout" de son parcours législatif.