RN, réforme des retraites, immigration, Mayotte... Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Bayrou
Interrogé lundi soir suite à l'annonce de la composition de son gouvernement, François Bayrou a réfuté sur BFMTV toute "influence" du Rassemblement national, évoquant également la réforme des retraites, l'immigration ou encore la situation à Mayotte.
Deux heures après l'annonce de la composition de son gouvernement lundi soir, François Bayrou s'est exprimé sur le plateau de BFMTV. Commençant par rappeler que l'éducation était "le premier défi du pays", le Premier ministre a ensuite abordé de nombreux thèmes sur lesquels devront s'attarder ses ministres dans les semaines à venir.
Le Premier ministre réfute "l'influence" du RN
Quelques heures après les déclarations de Xavier Bertrand, sous-entendant avoir été évincé du futur gouvernement sous la pression de Marine Le Pen, François Bayrou a réagi. Le Premier ministre a réfuté lundi toute "influence" du Rassemblement national sur la composition de son gouvernement, justifiant son choix par une vision différente de celle de son homologue sur le ministère de la Justice, "le seul" que Xavier Bertrand souhaitait se voir confier.
"Xavier Bertrand proposait une démarche que j'ai trouvée violente pour le ministère de la Justice. Ce ministère ne sert pas à faire la guerre aux uns ou aux autres. Il sert à pacifier", a-t-il ajouté.
Le 49.3 ne sera utilisé "qu'en dernière extrémité sur le budget"
"Je n’utiliserai le 49.3 qu’à la dernière extrémité sur le budget", a réitéré le locataire de Matignon lundi soir. Ce dernier a assuré qu'il n'avait pas l'intention d'utiliser le 49.3 pour les autres textes, privilégiant "la démocratie parlementaire". L'enjeu pour François Bayrou étant bien évidemment d'échapper à l'épée de Damoclès que représente la censure.
Il a également déclaré qu'il ne solliciterait pas la confiance de l'Assemblée nationale suite à sa déclaration de politique générale prévue le 14 janvier. "Dans la foulée de cette déclaration, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu'il y aura probablement une motion de censure", a-t-il rappelé. La France insoumise a d'ores et déjà annoncé vouloir la porter, le Premier ministre se disant "persuadé" qu'il ne serait pas censuré, appelant chacun à "prendre des responsabilités".
Pas de suspension de la réforme des retraites
Autre intention ferme du chef du gouvernement, sa volonté de ne pas suspendre ni geler la réforme des retraites de 2023, comme le demande la gauche. "Non, je ne ferai pas ça. Dans quel monde vivent-ils ? Est-ce qu'ils savent que la France est observée, scrutée parce qu'on appelle les agences" de notation, "et si (leurs) notes ne sont pas bonnes, alors les taux d'intérêts explosent ?", s'est-il justifié sur BFMTV.
François Bayrou s'est néanmoins dit "prêt" à ramener le délai des discussions entre les différentes forces politiques de neuf "à six mois", comme évoqué précédemment cette semaine.
Mieux "intégrer" les immigrés
Sur l'immigration, François Bayrou a avancé qu'il y avait "beaucoup de Français qui pensent que les immigrés sont responsables des problèmes du pays". Lui préfère évoquer des difficultés d'intégration liées, justement, à ces problèmes.
Assurant être "pour qu’on regarde ces problèmes-là en face", le Premier ministre a détaillé sa vision pour une meilleure intégration, qui s'effectuera, selon lui, par "le travail, la langue et la transmission des valeurs qui font la France". Il a enfin expliqué ne pas vouloir "de grande loi" sur l'immigration, tout en souhaitant être plus sévère à l'égard des pays ne prenant pas en charge le rapatriement de leurs ressortissants frappés d'une OQTF.
Il se veut rassurant sur le bilan à Mayotte
Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le chef du gouvernement a assuré que le nombre de victimes se chiffrerait en "dizaines" et non "milliers" et serait très inférieur aux "chiffres alarmistes" estimés. "Je crois que les chiffres parfois terrifiants qui ont été avancés ne seront pas vérifiés dans la réalité", a-t-il ajouté, confirmant à ce stade un bilan provisoire de 35 morts.
Parmi ses autres annonces, le Premier ministre a rappelé ne pas être favorable au rétablissement de l'impôt sur la fortune, et plaidé pour un "équilibre" autour de 5% sur la baisse du déficit public. "Il faut trouver autour de 5 %, ou un peu au-dessus de 5 %, un équilibre qui ne doit pas viser les entreprises. Ce sont elles qui créent la richesse et je suis pour les protéger", a-t-il conclu.