Le volet d'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs à l'intérieur du territoire français a suscité de premières passes à l'Assemblée nationale, la majorité et la droite le défendant face aux dangers soulevés par la gauche de la gauche.
Le recours aux ordonnances validé. Entre autres, l'Assemblée a voté un article 2 habilitant le gouvernement à légiférer par ordonnance pour transposer la directive européenne de 2016. Il est porteur surtout de "dispositions techniques", selon la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui a souligné que d'autres dispositions encore à discuter ne sont plus sujettes à ordonnances.
Une ouverture pour "redynamiser le secteur ferroviaire". "La libéralisation est la solution pour redynamiser le secteur ferroviaire, elle permettra de replacer l'usager au cœur du système ferroviaire" et "l'opérateur historique sera invité à une meilleure qualité de service", a plaidé Damien Adam (LREM).
Nombre d'élus de la majorité, dont le rapporteur Jean-Baptiste Djebarri, ont plaidé que la concurrence serait favorable pour faire baisser des tarifs mais aussi pérenniser ou relancer certaines lignes de chemin de fer, invoquant des exemples de pays européens, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Suède. "Le client contribuable est attaché aussi à cette construction européenne qui va vers une réduction des coûts", selon Benoît Simian (LREM).
Un risque de prix plus élevés, selon la gauche. La gauche de la gauche a invoqué le danger de prix augmentés ou de dessertes moindres de zones déjà défavorisées vu la recherche de rentabilité induite, selon elle, par cette libéralisation. Alors que l'effondrement du fret ferroviaire a été pris comme contre-exemple de l'effet de "la main invisible du marché" par les communistes et Insoumis, Elisabeth Borne a jugé "extrêmement réducteur de vouloir imputer [à la concurrence] les difficultés du fret ferroviaire, qui nécessitent qu'on se mobilise".
Une ouverture en faveur des "utilisateurs du train". Pour LR, "il n'y a pas à avoir de débats théologiques entre privé et public", selon la formule de Laurent Furst, car "l'ouverture au marché, une longue histoire", n'est "pas idéologique, mais dans l'intérêt des Français, des utilisateurs du train", pour Jean-Marie Sermier.
Et Charles de Courson de lancer aux Insoumis et communistes : "En politique, vous êtes pour la concurrence ou pour le monopole d'un parti ? (...) Si vous voulez supprimer la concurrence, allez jusqu'au bout. Nationalisez tout le transport routier et puis nationalisons tout ! On a vu ce que ça a donné", s'est-il emporté.