Les députés LFI voteront contre la stratégie française d'aide à l'Ukraine, à l'issue du débat organisé mardi à l'Assemblée nationale, a annoncé le groupe insoumis. La France insoumise affirme ainsi voter "contre la guerre" et "contre l'élargissement de l'Otan et de l'Union européenne" à l'Ukraine, revendiquant ses divergences avec les socialistes, qui soutiendront de leur côté l'accord de sécurité scellé entre la France et l'Ukraine le 16 février.
L'Assemblée nationale devrait approuver mardi la stratégie d'aide à l'Ukraine lors d'un débat et d'un vote symbolique qui, en pleine campagne des élections européennes, mettra en lumière les divisions à gauche et la position délicate du Rassemblement national. L'issue du vote, attendue dans la soirée, devrait être assez largement favorable, avec le soutien du groupe Les Républicains, des socialistes et des écologistes.
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Un vote sur fond de campagne pour les Européennes
Deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les macronistes espèrent pointer du doigt les "ambiguïtés" à l'égard de la Russie du RN, qui s'abstiendra, et de LFI qui votera contre. Gabriel Attal a donné le ton samedi lors du premier meeting de campagne du camp présidentiel aux Européennes, en multipliant les attaques contre "le clan Le Pen", accusé de "faiblesses" et de "mollesses" face à la Russie de Vladimir Poutine. Le président du RN, Jordan Bardella, justifie l'abstention de son groupe en évoquant des "lignes rouges" parmi lesquelles l'envoi de troupes au sol et l'adhésion possible de l'Ukraine à l'Otan et à l'Union européenne.
À trois mois du scrutin du 9 juin, l'aide à l'Ukraine est devenue un des thèmes clés de la campagne européenne, particulièrement depuis les propos fin février d'Emmanuel Macron qui n'a pas écarté l'envoi de troupes au sol et ne veut mettre "aucune limite" dans le soutien à Kiev. Cette posture présidentielle est invoquée par LFI pour justifier son vote contre, car "nous sommes opposés à ce que la France soit le leader du camp de la guerre", selon son coordinateur Manuel Bompard.
LFI en opposition avec les socialistes
Les Insoumis expliquent aussi être hostiles à l'élargissement possible de l'Otan et de l'UE à l'Ukraine. Même discours chez les communistes. "Nous n'allons pas dire non à la solidarité avec l'Ukraine mais non à l'escalade de guerre", a argumenté le député Sébastien Jumel.
La divergence est nette à gauche avec les socialistes. "Vous pensez vraiment que l'Otan est un agresseur de la Russie ? Les pacifistes sont à l'ouest, mais les missiles sont à l'est", a lancé leur premier secrétaire Olivier Faure à l'adresse des Insoumis et des communistes. Vladimir Poutine "ne veut pas négocier" et attend le retour de Donald Trump, a-t-il jugé. "Notre ligne est claire: pour le soutien à l'Ukraine, pour la livraison d'armes, pour l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne, contre tout envoi de troupes au sol", a affirmé de son côté la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain.