Environ 12.000 personnes, principalement des femmes mais aussi des hommes, ont marché samedi à Paris pour faire entendre leurs voix et dire "stop" aux violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. Si Marlène Schiappa n'était pas à leurs côtés dans la rue, elle affirme avoir entendu et compris les manifestantes. "Je comprends le message de l’intégralité des pancartes et slogans et je partage ce sentiment d’urgence. Nous devons lutter contre l’impunité des coupables", assure la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, invitée du Grand Rendez-Vous d'Europe 1-CNews-Les Échos dimanche.
Des moyens conséquents. Si elle n'a pas elle-même manifesté, c'est parce que Marlène Schiappa n'avait pas sa place dans le cortège, comme elle le reconnaît elle-même. "Je suis très respectueuse du caractère citoyen du mouvement, il n'y a rien que je déteste plus que la récupération politique", se justifie la secrétaire d'État. Cette marche avait, selon elle, deux dimensions : "interpeller la société et le gouvernement". "Je n'allais pas m'auto-interpeller", explique-t-elle.
Quant aux revendications des manifestantes, Marlène Schiappa assure déjà agir pour éliminer les violences faites aux femmes. "Les associations nous demandent de faire plus, mieux et plus vite", admet-elle avant de mettre en avant les "127 mesures" prises en ce sens par le gouvernement, notamment "la verbalisation du harcèlement de rue et l'allongement du délai de prescription pour les viols sur mineurs". Pour ce faire, la secrétaire d'État réaffirme qu'elle dispose de moyens conséquents : "530 millions d'euros en 2019 pour l'égalité femmes-hommes, c'est un record".
Subventions supplémentaires pour les associations. En sus, Marlène Schiappa annonce l'octroi de 400.000 euros supplémentaires aux associations, des crédits "économisés sur le budget communication" de son secrétariat d'État. "Le Mouvement du Nid qui accompagne les femmes en sortie de la prostitution, on double leurs subventions ; l’association Excision, parlons-en ! c'est +300% de subventions ; et le Collectif féministe contre le viol, on rajoute 100.000 euros", égrène la secrétaire d'État.
Reste que la situation des femmes victimes de violence reste extrêmement précaire : 70% des plaintes pour violences sexuelles sont encore classées sans suite. "Ce qui me révolte, c’est l’impunité des violeurs", d'indigne Marlène Schiappa. Pour y mettre fin, elle lance avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet un programme de "formation des professionnels de la justice". "Quand vous n’êtes pas sensibilisé à la question, que vous ne comprenez pas le mécanisme de la sidération au moment du viol qui empêche les femmes de se débattre, vous ne pouvez pas rendre un verdict équitable."