Opération apaisement pour Edouard Philippe. Le Premier ministre s’est rendu mardi à Evry, dans l'Essonne, pour y rencontrer des policiers, parfois échaudés par les annonces du ministre de l’Intérieur la veille. Christophe Castaner était d’ailleurs aussi du voyage, comme le ministre du Logement Julien Denormandie. Le chef du gouvernement a pour objectif de faire écho à la demande d’Emmanuel Macron de renforcer la déontologie des policiers, mais aussi de tenter de renouer le lien rompu avec la population, en visitant une association, Génération 2.
Par ce déplacement dans l’Essonne, le gouvernement veut montrer qu'il est mobilisé et qu'il s'adresse aussi bien aux forces de l'ordre qu'à la population. Premier arrêt, donc, au commissariat d'Evry, à la rencontre de policiers qui travaillent au quotidien dans les quartiers difficiles. La presse ne pouvait pas assister à ses échanges mais des participants ont décrit d'abord l'accueil courtois et républicain des policiers… qui ont fini par faire part de leur colère après les annonces de lundi.
Un échange plus long que prévu avec les policiers
Christophe Castaner avait prôné lors d'une conférence de presse une "tolérance zéro" du racisme dans les forces de l'ordre, dont la suspension sera "systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré" en la matière. Il avait aussi annoncé l'abandon de la méthode d'interpellation policière controversée de la "prise par le cou, dite de l'étranglement" et une réforme "en profondeur des inspections du ministère de l'Intérieur".
Des annonces que beaucoup de policiers jugent déconnectées des réalités du terrain. Les syndicats de police présents nous ont affirmé avoir fait remonter au gouvernement les nombreux messages qu'ils ont reçu depuis ces annonces. L’échange a duré plus longtemps que prévu.
Edouard Philippe et ses ministres se sont ensuite rendus dans les locaux de l'association "Génération 2" pour échanger avec des citoyens sur leur engagement dans les quartiers. Le gouvernement tient à rappeler sa détermination à lutter contre toutes les formes de racisme ou de discrimination, indique Matignon. Le Premier ministre doit prendre la parole à l'issue de ces échanges, mais les services de Matignon ont déjà prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à de grandes annonces.