Contre le stress, pour la perte de poids, sur le sommeil… Les compléments alimentaires sont partout, mais comment bien les choisir ? Pour s'y repérer dans la profusion de produits sans cesse plus attractifs pour les consommateurs soucieux de prendre soin d'eux, Adélaïde Robert, journaliste à 60 Millions de consommateurs et Camille Schirlin, ingénieure, ont collaboré pour mettre au point un dossier sur ces cachets, gélules et gommes de plus en plus consommés. Dans celui-ci, paru dans le mensuel et détaillé sur Europe 1, mardi, elles font l'inventaire des bonnes pratiques à adopter lorsqu'on est tenté(e) d'en prendre.
Combien y a-t-il de Français adeptes des compléments alimentaires ?
"Il y a un Français sur deux, d'après le Syndicat national des compléments alimentaires, qui a déjà consommé des compléments alimentaires. Ça concerne énormément de monde et les compléments alimentaires contre le stress et le sommeil sont en hausse depuis quelques années. Avec le Covid-19, on peut s'attendre à ce que ça augmente, d'autant plus que les compléments alimentaires sont très souvent plus consommés en hiver."
Mais quelle est la différence avec des médicaments ?
"Le statut de médicament est très différent. Un médicament doit montrer son efficacité et sa sécurité d'emploi. Le complément alimentaire, lui, n'a besoin simplement que d'une déclaration auprès de la DGCCRF (la répression des fraudes), ce qui est moins un gage de sécurité."
Que retrouve-t-on généralement dans ces produits ?
"On retrouve beaucoup d'extraits de plantes. Le souci étant que pour les extraits de plantes, il y a peu de certitudes concernant leur efficacité. Souvent, on retrouve le magnésium aussi, pour lutter contre le stress, qui est souvent associé aux vitamines B, notamment la vitamine B6."
Faut-il privilégier une formulation simple ou complexe ?
"On a constaté dans les faits qu'il y a beaucoup de produits qui ont des formulations lourdes avec énormément d'ingrédients différents, ce qui n'est pas gage de qualité et d'efficacité. Au contraire, ce qu'on a constaté, c'est qu'on va plutôt recommander des formulations simples dont on connaît l'efficacité des substances actives qui composent le complément alimentaire et dont on peut éloigner les risques d'effets secondaires ou d'interactions médicamenteuses. Par exemple, pour les compléments pour le sommeil, à base de mélatonine, on va recommander plutôt les formulations les plus simples possible, avec uniquement de la mélatonine et avec un dosage à un milligramme."
Le dossier épingle-t-il des mauvaises pratiques ?
"On retrouve souvent des compléments avec un gros cocktail d'ingrédients et de substances actives différentes, ce qui n'est pas un gage de qualité. Ce qu'on retrouve également, c'est qu'il y a des compléments qui ont des dosages de substances actives un peu trop élevées, comme par exemple pour la mélatonine, quand c'est dosé à 1,9 milligramme par jour, ça fait beaucoup, puisque c'est à la limite du médicament (2 mg). Le risque, c'est d'annuler carrément sa sécrétion naturelle. Il y a des risques pour certaines personnes et les mises en garde ne sont pas tout le temps indiquées. Les compléments à base de mélatonine ne sont pas recommandées pour les personnes épileptiques, souffrant de maladies inflammatoires, pour les femmes enceintes, les enfants, etc."
Est-il conseillé de privilégier des compléments naturels ?
"Ça ne change rien. C'est ce qui ressort de l'essai : certains fabricants jouent beaucoup sur le côté marketing naturel, végétal, etc. Finalement, ça ne change absolument rien à la composition du produit."
Quelles substances faut-il éviter ?
"Dans les produits qu'on a analysés, on a vu que certains avaient du sélénium et c'est souvent assez mis en avant. Or, il n'y a pas vraiment d'allégations autorisées sur le stress, pour le sélénium. Ça peut être dangereux parce qu'il y a des interactions, par exemple, pour les personnes qui sont sous traitement anticoagulant. On a pénalisé les compléments qui contenaient du sélénium, du tryptophane et de l'arginine, parce que c'est quand même des substances qui sont à risque et des risques graves pour la santé. C'est mieux de les éviter parce que les mises en garde ne sont pas tout le temps suffisantes par rapport à la composition."
Quelle est la précaution indispensable à adopter avant toute chose ?
"Ce qu'on préconise, c'est de prendre des compléments alimentaires en ayant l'avis de son médecin parce que le magnésium, a priori, ne pose pas de problème. Le seul souci, c'est qu'il soit mal assimilé et que là, il y ait des effets secondaires."
Pourquoi faut-il limiter sa consommation ?
"Il ne faut pas non plus mélanger les compléments alimentaires parce que parfois, il y a des substances actives dans deux types de compléments alimentaires. Il y a donc des risques de surdosage. À force de mettre des vitamines B un peu partout, on peut en avoir trop. Il faut faire attention à ne pas cumuler les compléments alimentaires, à ne pas associer compléments alimentaires et médicaments et faire attention suivant les pathologies qu'on a ou les facteurs de risque."
Où faut-il les acheter ?
"Il faut les acheter plutôt en parapharmacie ou en magasin bio. Sur internet, la DGCCRF ou d'autres instances européennes montrent qu'il y a des compléments qui sont frauduleux. Il y a de vrais danger à acheter sur internet."