Les inégalités d'accès aux médecins généralistes se sont accrues ces dernières années, malgré les aides versées pour inciter les praticiens à s'installer dans les déserts médicaux, selon un bilan établi début juillet par l'Assurance maladie et consulté lundi par l'AFP. La politique de la carotte n'a pas porté ses fruits. Négociés en 2016 avec les syndicats de médecins libéraux, quatre types de "contrats démographiques" étaient censés enrayer la progression des déserts médicaux. Mais fin 2021, seuls 4.685 étaient "en cours", selon le bilan présenté le 8 juillet dans une commission interne de l'Assurance maladie.
Aide à l'installation pour 2.085 médecins
Moins de 5.000 en cinq ans, dont une grosse moitié (2.396) de contrat de "coordination" pour des praticiens déjà en place. L'aide à l'installation proprement dite (jusqu'à 50.000 euros) a été accordée à 2.085 médecins, essentiellement généralistes, soit un peu plus de 400 par an. L'ensemble de ces dispositifs affiche un coût croissant : plus de 94 millions d'euros sur la période 2017-2020, dont près de 32 millions rien qu'en 2020.
Un coût mis en regard d'une "efficacité" peu évidente, puisque "l'inégalité d'accès" aux médecins généralistes "s'est accentuée" entre fin 2016 et fin 2019, selon l'Assurance maladie, qui note à l'inverse une "réduction des disparités" pour les infirmières et les sages-femmes libérales. Deux professions qui, contrairement aux médecins, profitent d'effectifs en hausse continue mais ont aussi accepté une "régulation" des installations : une arrivée pour un départ dans les zones "sur-dotées".
Un "résultat extrêmement décevant" selon l'Unsa
Ce contraste donne des arguments aux partisans de la politique du bâton. Ainsi, l'Unsa juge dans un communiqué que le "résultat extrêmement décevant" des incitations démontrent qu'elles "ne fonctionnent pas" et qu'il "faut donc en finir avec la liberté d'installation des médecins libéraux". L'Assurance maladie reconnaît pour sa part, dans un rapport publié début juillet, que ses "contrats démographiques" n'ont "pas suffi à gommer les déséquilibres de répartition territoriale qui perdurent" et propose de les "fusionner en un contrat unique" pour simplifier le dispositif.
Le sujet reviendra vite sur la table de la "grande conférence" sur l'accès aux soins promise par Emmanuel Macron, d'autant plus que l'exécutif devra définir sa feuille de route avant la négociation d'une nouvelle convention médicale à partir de l'automne.