Tous les dimanche cet été, à partir de 10 heures, retrouvez sur Europe 1 votre magazine santé présenté par Mélanie Gomez. Sexualité, sentiments, épanouissement personnel… Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste à Paris, y répond sans tabou à la question plus ou moins intime d’un(e) auditeur(ice). Retrouvez son conseil sexo du jour :
La question d'Aurélie, en couple depuis 18 ans
"Après plusieurs années de mariage, nous sommes toujours heureux et amoureux, mais nos rapports sexuels se sont largement espacés au fil des années. Aujourd’hui nous ne faisons plus l’amour qu’une fois par mois, parfois moins. Est-ce normal ?"
La réponse de Catherine Blanc
"Est-ce normal d’un point de vue physiologique ? Est-ce normal d’un point de vue sociétal ? Si on interroge les couples, on se rend compte, en effet, qu’il y a moins de désir sexuel avec le temps, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas de faisabilité. Aurélie doit se demander ce qui est normal pour elle, par rapport à son propre désir. Peut-être a-t-elle du désir et [...] que le couple n’interagit pas comme elle le souhaiterait.
Il faut comprendre comment fonctionne le désir. Il y a une imprégnation hormonale, la testostérone est à l’origine du désir. Les femmes y sont plus sensibles : elles ont besoin de moins de testostérone pour être aussi actives dans la sexualité que les hommes. Cela étant, il y a aussi une histoire de relation. Ce qui suscite du désir, c’est l’envie d’attacher l’autre à soi, de créer une intimité, c’est l’envie d’être indispensable pour l’autre. C’est la raison pour laquelle, dans un début de relation, on est extrêmement actif, même si pour certains la sexualité n’est pas un sujet primordial, ce moment-là reste un moment d’ancrage.
Une fois que la relation est ancrée, ceux qui sont moins intéressés par la sexualité finissent par déserter un peu la relation parce qu’il y a d’autres priorités pour eux. Pour que la sexualité perdure sur la longueur, il faut la réinventer, ce qui ne veut pas dire avoir des parties fines ou des positions coquines. Il s’agit de ne pas se laisser porter par la vague. Au début, on vit un désir qui est porté par l’inquiétude ; l’inquiétude de ne pas compter pour l’autre, l’inquiétude de ne pas attacher l’autre à soi. On joue la sur-multiplicité, on surjoue même nos possibilités. Avec le temps, on finit par oublier de jouer, c’est-à-dire d’écrire la relation. […]
La sexualité est ludique, ce n’est pas une histoire sérieuse, une tempête sous un crâne. C’est quelque chose de l’ordre de la (re)découverte de soi et de l’autre. L’erreur des couples est de penser qu’ils se connaissent par cœur. […] Les couples se rencontrent avec une façon de s’aborder et puis on évolue, on grandit, on mûrit, on se désinhibe sur certaines choses, on en apprend d’autres. Il y a des choses que l'on aimerait vivre, mais comme on nous a connu selon un modèle, par peur de déstabiliser la relation, nous restons de façon métronomique dans le même domaine, ce qui fait que l’on désérotise la relation."