L'ONG Foodwatch dénonce la présence de dérivés d'hydrocarbures dans des laits en poudre pour bébés "vendus en France par Nestlé et Danone" et demande leur rappel ainsi que des engagements des deux géants de l'agroalimentaire à les faire disparaître à l'avenir.
"Des tests en laboratoires réalisés pour Foodwatch révèlent la présence d'huiles minérales dangereuses pour la santé dans des laits en poudre pour bébés vendus en France par Nestlé et Danone", indique l'organisation de défense des consommateurs dans un communiqué jeudi.
"Aucune trace détectable d'huiles minérales aromatiques", répond Danone
De son côté, Danone a répliqué dans un communiqué que les "contrôles réalisés ne mettent en évidence aucune trace détectable d'huiles minérales aromatiques" dans la référence de lait infantile évoquée par Foodwatch. "Nous n'utilisons pas de composé d'huiles minérales dans nos recettes. Nous contrôlons régulièrement leur éventuelle présence dans nos produits dans le cadre de nos plans de vigilance depuis plusieurs années", a ajouté le groupe qui assure que ses "standards internes imposent des contrôles extrêmement rigoureux qui vont au-delà de la réglementation applicable". Sollicité par l'AFP, Nestlé n'avait pour sa part pas réagi à ces accusations en milieu d'après-midi jeudi.
Selon Foodwatch, "deux laits sur les huit achetés en France montrent une contamination inacceptable d'hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales, aussi appelés MOAH", des dérivés d'hydrocarbures "potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens" présents dans de nombreux emballages notamment, dans les encres et les adhésifs. Par ailleurs, des produits Neolac, Hero Baby et Nutrilon, commercialisés en Allemagne et aux Pays-Bas, sont également concernés.
L'agence sanitaire Anses avait recommandé en 2017 de "réduire la contamination des denrées alimentaires par les huiles minérales" et avait conseillé aux fabricants d'emballages de revoir leur "procédé de fabrication" pour utiliser des matières premières qui n'en contiennent pas.
Foodwatch demande le rappel immédiat des produits concernés
En octobre 2015, Foodwatch avait créé une vive émotion en France en publiant les résultats d'une étude montrant que 60% des aliments de grande consommation testés (riz, céréales, lentilles, couscous, pâtes), dont beaucoup de marques de distributeurs, étaient contaminés par ces dérivés d'hydrocarbures. Depuis, six acteurs de la distribution française, E. Leclerc, Carrefour, Lidl, Intermarché, Système U et Casino, ont pris des engagements pour réduire la contamination par les MOAH.
Mais Foodwatch, qui "tire le signal d'alarme depuis 2015", dénonce une absence de retour de la part des autorités sanitaires, tant françaises qu'européennes, et des industriels. "Ce qu'on ne s'explique pas, c'est qu'une entreprise comme Nestlé ne s'engage pas" à faire disparaître ces contaminants, a indiqué lors d'une conférence de presse Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France qui "exige le rappel immédiat des produits concernés par cette contamination et lance une pétition en France, en Allemagne et aux Pays-Bas".