Elle est l’huile la plus consommée au monde mais aussi la plus décriée. L’huile de palme, présente dans de nombreux produits alimentaires industriels, est réputée néfaste pour la santé. Honnie par de nombreuses associations et consommateurs - qui en déplorent aussi les conséquences sur l’environnement -, l’huile de palme peut en effet favoriser le mauvais cholestérol. Mais elle ne serait pas la plus néfaste des graisses…
L’émission Circuits Courts a consacré mercredi 6 juin un numéro spécial sur le thème : "Comment faire pour sortir de l’huile de palme". Autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek, Roland Charles, artisan chocolatier, fondateur de Charles Chocolartisan, précurseur dans la pâte à tartiner sans huile de palme, et Emmanuelle Grundman, primatologue et auteure de Devenir Consom'acteur. L'huile de palme (coll. Je passe à l'acte / Actes sud), ont donné des clés pour se priver de cette graisse végétale. L'émission est disponible en replay ici.
Risque de maladies cardiovasculaires
L’huile de palme, extraite à partir de la pulpe des gros fruits rouges des palmiers à huile, a la particularité de contenir près de 50% d’acides gras saturés, que l’on appelle "hypercholestérolémiants". "Ce sont les mêmes qu’on retrouve dans la viande. Ingurgitée en quantité importante, l’huile de palme peut être néfaste pour la santé car elle entraîne des risques de maladies cardio-vasculaires, en augmentant le mauvais cholestérol", explique à Europe1.fr le médecin nutritionniste Jacques Fricker. En comparaison, les huiles de tournesol ou de colza contiennent seulement 10% d’acides gras saturés.
Un maître-mot : équilibrer !
"Si la quantité d‘huile de palme est modérée, il n’y a aucun problème", tempère Jacques Fricker. Ainsi, manger chaque jour un paquet de biscuits qui contient de l’huile de palme peut s’avérer mauvais pour la santé, mais se contenter de 4 biscuits, ce n’est pas dangereux, illustre le nutritionniste. "Si l’huile de palme est consommée avec d’autres bonnes graisses, ça s’équilibre", assure-t-il. Et Jacques Fricker de rappeler que l’huile de palme "n’est pas beaucoup différente du beurre", car le beurre contient plus d’acides gras saturés mais qui sont considérés comme moins problématiques.
Si pendant longtemps les Français ne pouvaient pas savoir qu’ils consommaient de l’huile de palme - la mention étant obligatoire depuis 2014 dans la liste des ingrédients -, la dose journalière ingurgitée n’est pas pour autant jugée inquiétante : selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) datant de 2011, un Français consomme environ chaque jour 2,7 grammes d’huile de palme. L’Anses estime que l’apport des acides gras saturés doit représenter 12% de l’apport énergétique total, soit environ 27 grammes par jour pour une ration de 2000 kcal. Ainsi, l’apport d’acides gras saturés provenant de l’huile de palme ne représenterait que 10% des apports totaux d’acides gras saturés consommés par les Français.
À ceux qui disent toutefois que l’huile de palme aurait des avantages nutritionnels, en raison de la présence de tocotriénols, une sorte de vitamine E, et de caroténoïdes, précurseurs de vitamine A, le nutritionniste Jacques Fricker prévient qu'"il ne faut pas compter sur cela pour avoir un apport nutritionnel correct". D’autant que, après fractionnement, ces bienfaits disparaissaient de l’huile de palme.
Ce n’est pas la seule mauvaise graisse
Jacques Fricker reconnaît néanmoins que d’autres huiles sont bien plus mauvaises pour la santé que l’huile de palme. "Il existe par exemple des produits avec des 'matières grasses hydrogénées', et ça, c’est plus néfaste que l’huile de palme. Donc, dans ce cas-là, il vaut mieux privilégier un produit avec de l’huile de palme", affirme-t-il. Ainsi, si l’huile de palme ne doit pas être consommée de façon excessive, elle n’est pas à bannir complètement de nos placards, en raison de l’apport en graisses saturées qui reste indispensable à notre organisme.