Jambes qui fourmillent, qui démangent ou brûlent… Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est une pathologie neurologique sans gravité, mais particulièrement handicapante. Il est souvent difficile pour le patient de rester immobile, et dans certains cas un voyage en train ou en voiture, de même qu'assister à une séance de cinéma ou à un spectacle, est simplement inenvisageable. Le SJSR concerne près de 10% de la population française, et 2,5% des personnes concernées en souffrent quotidiennement. Et ce mal touche majoritairement les femmes.
Le SJSR se caractérise par une envie impérieuse de bouger ses jambes, envie plus ou moins associée à des sensations désagréables, d'intensité variable, depuis le picotement, l'inconfort, l'impression de chaleur, jusqu'à la douleur. "Ces symptômes apparaissent au repos, généralement le soir, et sont soulagés par le mouvement", indique au micro de Sans Rendez-vous, l'émission santé d'Europe 1, Nathalie Patte-Karsenti, neurologue dans l’unité Parkinson de l’hôpital de la Fondation Rothschild à Paris.
Pourquoi s'agit-il d'un trouble du sommeil ?
Le SJSR est considéré comme un trouble du sommeil car les symptômes impactent de manière quasi-systématique le sommeil du patient. "Dans presque 80% des cas, des mouvements périodiques des jambes, généralement de petits à-coups, viennent perturber sa nuit", précise Nathalie Patte-Karsenti. Le patient se réveille plusieurs fois, parfois très brièvement, sans même s'en rendre compte, ce qui altère toutefois la qualité de son sommeil. "Le matin, les gens se réveillent comme s'ils n'avaient pas dormi, alors qu'ils n'ont pas toujours le souvenir de s'être réveillés plusieurs fois au cours de la nuit."
Dans les formes les plus sévères, les bras peuvent également être touchés par un symptôme d'impatience.
Comment se diagnostique le syndrome des jambes sans repos ?
"C'est un diagnostic clinique et interrogatoire", précise notre spécialiste, c'est-à-dire qu'il n'existe pas d'examen médical spécifique pour diagnostiquer ce problème, même si certains examens peuvent être pratiqués, comme un électromyogramme, afin d'identifier d'éventuelles pathologies associées.
Le diagnostic peut être long, "parce que les sensations des patients ne sont pas toujours clairement exprimées", relève Nathalie Patte-Karsenti. "Le SJSR doit être distingué d'un problème de jambes lourdes, associé à un syndrome veineux, même si un problème veineux peut accroître les symptômes du SJSR", note-t-elle.
Quelles en sont les causes ?
Aucune cause n'a encore été clairement identifiée, même si cette pathologie est connue depuis le XVIIe siècle. "Mais il existe quelques pistes, notamment celle du fer", glisse notre neurologue. En effet, le SJSR peut être associé à un défaut de modulation de cet élément dans l'organisme, sans nécessairement qu'il s'agisse d'une anémie. Le manque de fer expliquerait également l'importance du taux de prévalence de ce trouble chez les femmes, "plus souvent carencées que les hommes de par leurs cycles menstruels", pointe Nathalie Patte-Karsenti.
Le manque de dopamine est souvent pointé du doigt. Mais il peut aussi y avoir une prédisposition génétique. "Avec un parent touché, le risque de développer un SJSR est multiplié par deux, et par trois à quatre s'il s'agit d'un frère ou d'une sœur", indique encore notre neurologue.
Certaines maladies peuvent également s'accompagner d'un SJSR : une neuropathie, liée à un diabète ou à une consommation excessive d'alcool, de même qu'une insuffisance rénale ou la maladie de Parkinson. "À l'inverse, le syndrome des jambes sans repos n'est pas un facteur précurseur de la maladie de Parkinson", insiste Nathalie Patte-Karenti.
Enfin, plusieurs médicaments peuvent venir aggraver un SJSR déjà présent, c'est le cas de certains neuroleptiques et antidépresseurs. Pour autant, il n'est pas question de supprimer le traitement du patient, mais plutôt de lui trouver une molécule de substitution.
Comment le traite-t-on ?
Le traitement commence avec des conseils hygiéno-diététiques, notamment pour pallier un manque de fer. "On évitera, par exemple, de consommer beaucoup de thé vert, qui fait évacuer le fer", explique notre spécialiste. On invite aussi le patient à supprimer les excitants en fin de journée, comme le café ou l'alcool. Enfin, on cessera toute activité sportive après 15 heures, pour se prémunir d'une nuit agitée.
Des médicaments qui agissent sur la dopamine, baptisés agonistes dopaminergiques, et similaires à ceux utilisés dans la maladie de Parkinson, peuvent être prescrits. "Ils se prennent à toute petite dose, et donnent de très bons résultats, mais il peut y avoir certains effets secondaires, notamment des problèmes d'addiction", indique Nathalie Patte-Karenti. Certains antiépileptiques et dérivés morphiniques permettent de contourner ce risque d'addiction et agissent tout aussi efficacement. "Le but est de donner au patient une stratégie de traitement, qu'il pourra gérer par lui-même en fonction des douleurs et de l'importance des symptômes."
Enfin, pour ceux qui vivent comme une angoisse le moment du coucher, l'hypnose peut s'avérer d'une aide précieuse, et leur permettre de ré-associer le sommeil à un temps de réconfort et de repos.