Meilleur accès aux soins, meilleure rémunération des professionnels de santé, réorganisation et tandem médecin - administratif… Dans ses vœux adressés aux soignants, Emmanuel Macron a fait miroiter de nombreuses mesures, dans une réforme du système de santé qu'il effectuerait en cinq mois. Mais tout n'est pas bien reçu du côté des soignants. À commencer par Patrick Pelloux, président des médecins urgentistes de France, qui dénonce au micro d'Europe 1 un projet "impossible" à réaliser qui ne serait qu'une "grande incantation".
>> LIRE AUSSI - Santé : Jean-Paul Hamon partage sa «très grosse déception» après les vœux du président
"Il n'y a pas de feuille de route"
"La remise en cause de la tarification à l'activité, c'est quelque chose qu'il avait déjà évoqué en 2017 et qui était dans son programme santé 2022. Elle n'a pas été faite. Puis la réorganisation, c'est très, très flou. Il y a déjà des concertations qui ont lieu, mais personne n'est d'accord autour de la table. Il veut réorganiser mais on ne sait pas où l'on va, il n'y a pas de feuille de route contrairement à ce que l'on croit", détaille-t-il.
Pour le médecin, les causes de la "déliquescence" du système de santé sont pourtant parfaitement identifiées, avec en premier lieu la réforme du plan Hôpital 2007 "qui sévit toujours" et qui a fait quasiment disparaître les services spécialisés. Mais aussi le récent Ségur concernant les praticiens hospitaliers : "On a perdu avec le Ségur quatre échelons, ce qui représente beaucoup d'argent et ce qui a expliqué la fuite des pédiatres à l'automne. Il n'y a pas d'autre explication. Et évidemment, ça fait autant de moins à la retraite. Donc il y a aussi un problème d'attractivité pour les infirmières", explique-t-il.
>> LIRE AUSSI - «Médecins, pas larbins» : les généralistes ont manifesté leur colère dans les rues de Paris
Des surmortalités inquiétantes
La situation est telle que la France, selon l'urgentiste, est passée en dessous de la moyenne européenne de nombre de lits pour 100.000 habitants. Il pointe également les disparités d'accès aux soins selon le département dans lequel les patients se situent, cartographiées dans un rapport de 2021 de la direction de la Recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).
"Les chiffres parlent d'eux-mêmes. On a maintenant une mortalité infantile après le post-partum qui est catastrophique. On est au niveau de certains pays en voie de développement parce qu'on a fermé trop de maternités, on a été trop loin. Là, on sait qu'on a eu une surmortalité de 10.000 personnes cet été. Le ministère s'est abrité derrière la canicule, pour ne pas dire que c'était le problème de l'accès aux soins", alerte Patrick Pelloux.
"Là, vous avez une surmortalité avec la grippe et le Covid-19 qui continue à tuer 100 à 120 personnes par jour. On est toujours sur les mêmes problèmes", ajoute-t-il avant de conclure : "cette nuit dans Paris, il y a des gens qui sont décédés de mort naturelle. Nous n'avons pas de médecin pour aller faire les certificats de décès. Donc pour l'instant, les gens gardent les cadavres chez eux sans savoir si dans l'après-midi un médecin sera disponible".