Un quart des Français déclarent manquer de sommeil. Une mal qui, selon les chercheurs, ne devrait pas être pris à la légère. Certains parlent de crise de santé publique ; le manque de sommeil est même soupçonné d'abîmer notre ADN, selon des chercheurs de l'université de Hong Kong. Surtout, les problèmes de sommeil, qu'il s'agisse de difficultés à l'endormissement, de réveil dans la nuit ou de réveil trop tôt le matin, peuvent être accentués, voire déclenchés par les métiers en horaires décalés.
Une chronobiologie difficile à remettre à l'heure. Les conséquences de telles situations professionnelles sur l'horloge biologique sont importantes, comme le relève au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question sur Europe 1, Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée, consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil. "La chronobiologie peut être mise à l'envers par un travail de nuit, par un travail décalé, et là on paye les conséquences assez longtemps".
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Longs et courts dormeur. Et d'autant plus que nous ne sommes pas tous égaux devant le sommeil. Certains se satisfont pleinement d'une nuit de quelques heures pour récupérer, quand d'autre ont besoin d'un tour complet du cadran. "Il y a des courts dormeurs et des longs dormeurs, des gens qui sont bien avec cinq heures ou même moins, et puis des gens qui vont avoir besoin de leurs 10 heures, voire de leurs 11 heures par nuit", détaille notre spécialiste. "S'ils n'ont pas ce temps-là, ils ne vont pas être bien du tout. C'est très injuste. Dans ces cas-là, dans la vie de tous les jours, avec le temps de transport, la charge de travail que l'on a, devoir dormir 11 heures par nuit devient un vrai handicap", relève-t-elle.
Des métiers sensibles. Certaines professions, en raison de leurs contraintes horaires, sont plus concernées que d'autres par les problèmes de sommeil : restauration, milieu médical, métiers du spectacle, journalisme, etc. "J'étais médecin urgentiste. Je travaillais le jour et la nuit, 24 heures d'affilée. Du coup, j'avais un sommeil très perturbé, toutes les nuits je me réveillais à quatre heures, que je sois de garde ou pas", témoigne Olivier, au micro d'Europe 1. "C'est compliqué parce que je mettais une à deux heures pour me rendormir". Face à cette situation, il a été obligé de faire un choix radical. "La solution que j'ai trouvée, malheureusement, c'est de démissionner de mon poste. Je n'en pouvais plus, j'étais épuisé et ça se ressentait sur mon caractère, je faisais mal mon travail. 24 heures de travail d'affilée, ça n'est pas humain", explique-t-il.
Deux à trois mois d'arrêt. "Quand il y a des ruptures de rythme et une contrainte au niveau du sommeil, on n'a souvent pas d'autres solutions que d'arrêter la personne", indique Sylvie Royant-Parola, qui pointe une souffrance "énorme" par rapport au sommeil dans les milieux médicaux. "Je pense aussi aux hôtesses de l'air ou à certains métiers en trois-huit", ajoute-t-elle. "Dans ces conditions-là, pour arriver à les aider à récupérer, il faut les mettre dans un système où ils sont protégés de cette pression là et des changements de rythme, donc on les arrête deux ou trois mois."