La rentrée scolaire a été émaillée par de nombreux couacs, et notamment des mouvements de protestation contre les mesures annoncées cet été par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer. Les enseignants s'offusquent de devoir gérer un nombre toujours croissant d'élèves tandis que le personnel éducatif est de moins en moins nombreux. Car la rentrée scolaire 2017 a d'abord été marquée par un boom démographique : une centaine d'élèves de plus en moyenne sont arrivés dans chaque lycée, avec des classes de 39 par endroits. Dans le même temps, les pouvoirs publics ont annoncé une baisse du nombre de contrats aidés, ce qui veut dire moins de surveillants, d'agents d'entretien et de personnel de cantine. À cela s'ajoute des locaux qui ne sont pas toujours adaptés à l'afflux d'élèves. Ce manque de moyens se ressent dans les zones fragiles où la tension peut rapidement monter.
Des locaux saturés. Ainsi, des grèves sont encore prévues dans des lycées de Grenoble et de Creil en Picardie, mais aussi dans une dizaine d'établissements d’île-de-France, de Colombes au Blanc-Mesnil. "Dans les couloirs, c'est Châtelet-Les Halles à 18 heures. On a l'impression qu'il nous faudrait, comme sur la ligne 13 ou le RER B, des pousseurs pour faire entrer les gens dans les salles", rapporte auprès d'Europe 1 Johan Faerber, professeur de français au lycée Mozart du Blanc-Mesnil. "C'est intolérable. Les gens arrivent en retard en cours, pas parce qu'ils prennent leur temps, mais parce qu'ils ne peuvent pas, physiquement, passer dans les couloirs".
Un risque de décrochage scolaire. Les salles de cours sont pleines à craquer, et dans ce lycée classé premier de France sur l'indice de progression des élèves, les enseignants s'inquiètent des répercussions sur le niveau scolaire. "On peut toujours enseigner dans n'importe quelles conditions. On peut faire cours à une classe de trente-cinq, dont la moitié des élèves ne voient pas le tableau. Simplement, ça veut dire que l'on sacrifie la moitié de la classe. On refuse de sacrifier la moitié de la classe !", s'agace Agathe Lemaire, professeure d'histoire-géographie. La grève, qui doit se poursuivre cette semaine, est suivie par deux-tiers des profs et soutenue par une partie des lycéens et de leurs parents.
La suppression des contrats aidés inquiète le primaire. C'était l'une des grandes nouveautés de cette rentrée : des classes de CP à douze élèves dans les quartiers les plus défavorisés. Un dispositif accompagné par un mouvement de grève dans plusieurs écoles du Rhône le jour de la rentrée. Mais si les assemblées générales se sont multipliées dans une vingtaine d'écoles, le mouvement s'est tari. En effet, les enseignants du primaire sont désormais plus préoccupés par les conséquences de la suppression des contrats aidés. Une semaine après la rentrée, le manque de personnel commence à se faire très concret. Les enseignants qui trouvent la situation intolérable seront mardi dans la rue.