Une fin de cavale de plus pour Redoine Faïd. Evadé de la prison de Réau début juillet, le braqueur multirécidiviste a été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi à Creil, dans l'Oise, selon les informations révélées par Europe 1. Une centaine de policiers ont été mobilisés pour procéder à l'interpellation du "roi de l'évasion", doté d'un solide réseau et dont la réputation le précède : en vingt ans, les forces de l'ordre ont déjà interrompu deux de ses cavales, le découvrant souvent grimé et toujours en région parisienne.
1998 : une arrestation dans le quartier de l'Opéra
Impliqué dans plusieurs vols et braquages depuis son adolescence, Redoine Faïd apparaît sur le radar des policiers en 1995, lorsque son frère est arrêté, selon un itinéraire retracé par Franceinfo. L'homme, alors âgé de 26 ans, vit discrètement dans des hôtels de banlieue parisienne, où il n'est à l'époque pas obligatoire de fournir une pièce d'identité. En 1997, il est blessé à l'épaule lors d'un braquage, laissant son ADN sur les lieux. L'étau se resserre. "En cavale, je vivais tout le temps avec la mort, la peur de la police, la peur de me faire descendre", racontera-t-il à Europe 1 des années plus tard, entre deux séjours en prison. "Je m'inventais des codes et des règles, je rentrais chez moi à partir de 16 heures pour ne pas me faire contrôler le soir. (...) Le problème quand tu es en cavale, c'est que tu as des années à faire. Tu es dans un engrenage et obligatoirement tu es pris dans une spirale infernale."
Qui est Redoine Faïd, le "roi de l'évasion" ?
La première fois, cette spirale prend fin le 28 décembre 1998. Lorsqu'il est arrêté, Redoine Faïd fait des courses dans le quartier de l'Opéra, à Paris, selon l'Obs. Il est sur le point de s'envoler pour Israël avec de faux papiers, au nom de Philippe Mazaud.
2013 : six semaines de cavale et une nouvelle interpellation
Sorti de prison, puis à nouveau interpellé dans l'enquête sur la fusillade ayant coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet, Redoine Faïd est détenu à Sequedin, dans le Nord, dans l'attente de son procès. Depuis sa prison, il fomente une évasion spectaculaire, mise en exécution le 13 avril 2013 : après avoir pris en otage quatre surveillants, le braqueur fait sauter les portes qui le séparent de la sortie une à une, à l'explosif. Un complice vient le récupérer en voiture. L'opération a duré moins d'une demi-heure.
Traqué par tous les services de police, qui le soupçonnent d'avoir fui vers l'étranger, Redoine Faïd ne quitte en fait pas la France. Pendant six semaines, il écume les hôtels avec un complice, ne restant pas au même endroit plus de quatre ou cinq nuits, selon Libération. Sur les images de vidéosurveillance d'un de ces établissements, les enquêteurs le repèrent déguisé, avec une perruque, des lunettes et une barbe. Sa piste est remontée jusqu'à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne, où il tente à nouveau d'acheter un passeport israélien à un "indic" de la police. Le fugitif est arrêté dans son hôtel.
2018 : arrêté en bas de jogging et en djellaba
Le 1er juillet 2018, Redoine Faïd récidive. Désormais détenu à Réau, et condamné à 25 ans de prison en appel dans l'affaire Aurélie Fouquet, le braqueur planifie une deuxième évasion pendant un parloir, avec l'aide d'un commando en hélicoptère, dont le pilote a été pris en étage. Là encore, l'opération ne dure que quelques minutes. Et là encore, le fugitif ne va pas bien loin. Repéré lors d'un contrôle de police puis pisté via ses complices, il est aperçu à plusieurs reprises dans l'Oise, grimé en femme.
Tôt, mardi matin, c'est en bas de jogging et en djellaba que l'homme le plus recherché de France est une nouvelle fois arrêté dans un appartement d'une cité de Creil, la ville où il a grandi.