L’affaire risque de coûter cher au styliste John Galliano. Le créateur britannique, qui dit "adorer Hitler" dans une vidéo rendue publique lundi, va faire l'objet d'une procédure de licenciement par son employeur Dior. La maison de haute couture dénonce le caractère "particulièrement odieux" du comportement et des propos tenus par le directeur artistique. Dans un communiqué, Sidney Toledano, PDG de Dior Couture, "condamne avec la plus grande fermeté les propos tenus par John Galliano en totale contradiction avec les valeurs essentielles qui ont toujours été défendues par la Maison Christian Dior".
John Galliano a été entendu par la police lundi pendant cinq heures avant d'être remis en liberté. Il a d'abord été confronté à deux personnes qui l'accusent d'avoir proféré des injures antisémites jeudi dernier, dans un bar du quartier du Marais, à Paris. Durant la confrontation, chacun a campé sur ses positions. Le couple qui accuse John Galliano a maintenu sa version des faits.
Pour écarter la menace d'un boycott
Le créateur a également été confronté lundi à une femme qui a déposé plainte pour des faits similaires qui seraient survenus en octobre. Ce sont ces faits qu'illustrent la vidéo diffusée par le Sun.
Visé par cette double accusation d'injures racistes, John Galliano avait déjà été suspendu vendredi dernier par Dior "dans l'attente des résultats de l'enquête". Mais il y avait visiblement urgence : le défilé de prêt-à-porter automne-hiver 2011 de la maison Dior est toujours prévu vendredi 4 mars au musée Rodin à Paris.
C'est aussi les possibles retombées économiques du scandale qui auraient décidé la maison Dior à passer à l'action. Pour Marie-Pierre Lannelongue, spécialiste mode au Nouvel Obs, cette procédure de licenciement est un gage "donné à la fois aux observateurs de la mode, à la fois au marché dans son ensemble, et singulièrement le marché américain et le marché asiatique parce qu’on sait que ce sont des marchés assez sensibles à la question raciale et la menace de boycott peut arriver très vite". "Mais effectivement, il y a aussi une époque qui a changé, d’après-crise, où on valorise un chic plus discret, où le bling-bling est passé de mode", argumente cette spécialiste qui n'hésite pas à dire que "John Galliano, qui a incarné ces années flamboyantes et ces années d’excès, est passé de mode".