1:36
  • Copié
Jean-Baptiste Marty / Crédit photos : Lionel Bonaventure / AFP , modifié à
Dans les prisons de Montargis et Besançon, les prisonniers en semi-liberté peuvent depuis quelques mois utiliser librement leur téléphone en cellule. Une expérimentation qui suscite l’indignation au sein du personnel pénitentiaire, quelques jours après le drame survenu à Marseille.

Quelques jours après le terrible drame à Marseille, avec un adolescent de 14 ans, tueur à gage et recruté sur les réseaux sociaux par un détenu via son portable, c’est une expérimentation qui fait réagir. À Montargis et Besançon, les prisonniers en semi-liberté peuvent, depuis le 1er mai dernier, utiliser leur téléphone librement dans leurs cellules. 

Des prisonniers "comme à la maison"

SMS et appels illimités, réseaux sociaux en accès libre, et même commandes en ligne, les détenus en semi-liberté de ces prisons sont comme à la maison. Une aberration pour Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat UFAP "On peut aisément prendre en photo les personnels, faire des vidéos, prendre des clichés de dispositifs de sécurité. C’est aller à l’encontre de la réglementation", s'insurge-t-il.

Cette autorisation provisoire indigne donc, et interroge, puisque dans le même temps, il est demandé aux personnels pénitentiaires de faire la chasse aux portables… 50.000 appareils électroniques avaient été saisis en 2023.  Un paradoxe aussi vis-à-vis de la loi, car détenir un téléphone en prison est considéré comme un délit dans le code pénal, punit de jusqu’à 5 ans de prison et 375.000 euros d'amende. Face à cette situation, les syndicats de surveillants pénitentiaires envisagent d’écrire au ministre de la Justice Didier Migaud, pour mettre fin à cette expérimentation. 

Auprès d'Europe 1, l'administration pénitentiaire précise que cette mesure expérimentatrice "concerne au total 38 détenus, tous en régime de semi-liberté". "Ils sont libres de travailler dans une entreprise ou de mener des activités en dehors de la prison la journée mais doivent rentrer chaque soir dans leurs cellules", ajoute-t-elle, soulignant le "bon fonctionnement" du dispositif depuis son lancement. "Chaque manquement au règlement est sanctionné d’une interdiction de l’appareil électronique", conclut-elle.