Le bio est-il toujours une meilleure option ? Pas si sûr, si l'on en croit l'enquête de 60 millions de consommateurs. Le Magazine publie un numéro hors-série sur les grandes marques nationales qui déclinent leurs gammes en produits conventionnels et en produits bio. Depuis plusieurs années, la grande distribution s'est installée sur le marché du bio et continue à avoir des produits 15 à 30 % chers que les marques nationales bio. Mais cela se fait au détriment de la qualité des produits, qui certes respectent la norme, mais sont souvent en quantités plus faibles ou mêlés à d'autres ingrédients de moindre qualité.
Un prix raisonnable qui rogne sur la qualité
Tout ceci est avant tout une affaire de prix et de compétitivité. Faire de l'agriculture biologique coûte cher et les rendements sont limités. "Mais si on met sur le marché des produits bio dont le prix est supérieur, par exemple pour les céréales, de 50% aux produits conventionnels, Les consommateurs, même s'ils estiment qu'il n'y a un plus avec le bio, ils ne vont pas l'acheter", relève Gérard Pascal, toxicologue.
De fait, le bio de supermarché vise une "cible très particulière", selon Sophie Coisne qui a coordonné l'enquête de 60 millions de consommateurs. Il s'agit du "consommateur en grande distribution. Il a l'habitude des marques nationales qu'on voit en publicité à la télé et pour ce consommateur-là, il ne faut pas un bio trop cher. Donc il faut rogner quelque part."
Les distributeurs l'ont bien compris et cela se ressent dans leurs produits. C'est ce qu'a démontré l'enquête de Sophie Coisne. "Dans les produits préparés salés, souvent, dans les produits bio de grandes marques et de marques de distributeurs, il va y avoir moins de légumes, un peu moins de fromage, etc." Une soupe bio sera ainsi moins fournie en légumes et moins variée. Certains produits utilisent du sirop de fructose, ou de l'huile de palme. Tout n'est pas noir, évidemment puisqu'il y aussi "moins d'additifs" souligne-t-elle.
Le sucré bio meilleur que le salé
Plus largement, tout le bio ultra transformé n'est pas à jeter, notamment dans le sucré. Comme l'explique Sophie Coisne, "les produits sucrés bio s'en tirent beaucoup mieux parce qu'ils sont plus chers. Les marques font le pari d'un consommateur qui va acheter plus cher ses desserts".
La journaliste estime ainsi que "quand les grandes marques se positionnent sur du plus haut de gamme, elles se permettent des meilleurs produits, donc le prix est un indicateur. On ne peut pas éternellement demander à des produits qualitatifs de ne pas être cher." Heureusement, certaines marques de distributeurs, notamment une grande marque de surgelés, "font énormément d'efforts sur le bio", souligne la coordinatrice de l'enquête.
Mais la qualité se retrouve tout de même plutôt dans les circuits spécialisés qui "font extrêmement attention à avoir 100% de produits bio dans leurs produits, à avoir de l'origine française, pas trop de sucre et des ingrédients assez vertueux". Aussi, pour Sophie Coisne, "la grande leçon à tirer, c'est que sur ces produits préférés transformés, il faut regarder les étiquettes et comparer."