Il y a deux mois, le magazine 60 Millions de consommateurs n'hésitait pas à en faire "l'ennemi public". Souvent vilipendé, cible de nombreux régimes, le sucre pâtit d'une mauvaise réputation autant qu'il est omniprésent dans notre alimentation. Les Français n'en consomment pas moins de 35 kg par an contre 20 kg en moyenne dans le reste du monde. Mais de nombreuses idées reçues circulent autour du sucre. Europe1.fr a décidé de se pencher sur cinq d'entre elles.
L’émission Circuits Courts est consacrée mercredi 20 juin à la production du sucre. Autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek, Samuel Marc, fondateur de Delisucré, et Eric Birlouez, historien, spécialiste de l’alimentation discuteront de la manière de produire mieux du sucre de meilleure qualité.
Le sucre est foncièrement mauvais pour la santé
Pas forcément. Pour saisir cette nuance, il faut comprendre qu'il y a deux types de glucides (le nom scientifique du sucre) : les glucides complexes ou lents d'un côté, et les glucides simples ou rapides de l'autre. On trouve les premiers, transformés en glucose via la digestion, dans les pâtes, le pain ou encore le riz. Même s'il faut en consommer avec modération, ils sont plutôt inoffensifs et manger des aliments qui en contiennent est tout simplement indispensable, comme les légumes frais ou les laitages. La donne est bien différente avec les glucides simples (représentés par le saccharose, le lactose et le fructose), qui sont contenus dans des boissons sucrées ou des confiseries. Là, aucun apport en vitamines ou en fibres : il faut limiter leur consommation.
Il est facile de se passer de sucre
Au contraire, dire non au sucre est une chose extrêmement complexe, en premier lieu parce qu'il se cache (à peu près) partout. Vous pensez qu'on en trouve seulement dans des aliments qui ont un goût sucré ? Les sucres libres (ajoutés aux plats industriels) sont très présents dans des boîtes de pâtes, de la soupe aux légumes ou de la quiche, parmi tant d'autres exemples. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de limiter notre consommation de ces sucres libres à une quantité comprise entre 25 et 50 g par jour, soit moins de 10% de l'apport énergétique total quotidien. Un défi de taille : en France, la consommation moyenne s’élève à 70 grammes par jour et par personne. Et si ce chiffre s'expliquait par une certaine forme de "dépendance" qu'engendre le sucre ? Le côté addictif de cette substance fait en tout cas débat chez les scientifiques.
Pour s'y retrouver, les nutritionnistes conseillent de privilégier les produits bruts, non transformés. Et si ce n'est possible, scrutez les étiquettes à deux endroits : le tableau des apports nutritionnels et la liste des ingrédients, qui peut renseigner sur ces apports indésirables. À noter que les ingrédients les plus présents dans le produit apparaissent en premier dans cette liste.
Les sodas "light" ou sans sucre sont meilleurs pour la santé
Vous avez décidé de vous passer d'une canette de Coca-Cola "classique" de 33cl, qui contient 35 grammes de sucre ? Pourquoi pas. Mais la remplacer par un dérivé "light" ou sans calories n'est pas forcément une excellente idée. Certes, il ne contient pas ou peu de calories. En revanche, on y retrouve souvent de l'aspartame, un édulcorant, qui augmente la glycémie (le taux de sucre dans le sang) chez les souris, selon une étude de l'université du Texas. Cela aggraverait le risque de diabète. Les boissons à base de saccharine ou de sucralose auraient le même effet.
Il y a pire, selon des chercheurs l’université australienne Charles-Perkins de Sydney : le cerveau chercherait à manger plus pour compenser le décalage entre le manque de calories et le goût sucré de la boisson. En décembre 2017, une étude parue dans la revue spécialisée Obesity Facts confirmait ce lien entre consommation de boissons "light" et augmentation de l'obésité.