Le médecin de Vincent Lambert, tétraplégique plongé dans un état végétatif depuis plus de dix ans, a annoncé samedi à sa famille l'interruption des traitements à partir du 20 mai. Cette décision du corps médical fait suite aux conclusions du Conseil d'Etat, qui, au terme d'une longue bataille judiciaire, a estimé le 24 avril que l'arrêt des soins qui maintiennent en vie Vincent Lambert réunissait "les différentes conditions exigées par la loi".
De son côté, le président élu de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, a fait part dans un communiqué de ses réserves quant à la décision que les médecins s'apprêtent à prendre. "La volonté de ce communiqué est surtout de rappeler qu'il s'agit d'un être humain, dans une situation difficile, à propos duquel un certain nombre de décisions doivent être prises", explicite l'ecclésiastique au micro de Matthieu Belliard, dans Le grand journal du soir sur Europe 1.
"Nous n'avons pas de compétence médicale, et je crois qu'il faut faire confiance aux médecins, il faut aussi que les médecins méritent cette confiance", poursuit celui qui est également archevêque de Reims, ville dans laquelle Vincent Lambert est hospitalisé. Ce membre du clergé appelle donc le corps médical à "entendre d'autres types de réflexions".
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"Son corps est vivant"
Lundi, les avocats des parents de Vincent Lambert ont annoncé avoir saisi le Défenseur des droits. Ils attendent notamment qu'il fasse appliquer les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées de l'ONU, qui demande à la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins avant une instruction plus approfondie. "En arrêtant de le nourrir et de l'hydrater, on ne fait pas qu'interrompre des traitements. On prend une décision. La sédation dont il est question est une manière d'accélérer la fin, et cette fin ne vient pas de ce qu'il soit en fin de vie", poursuit Éric de Moulins-Beaufort. "Certains diront qu'il est déjà mort depuis longtemps, mais son corps est vivant", ajoute-t-il.
Surtout, ce prélat craint que le cas de Vincent Lambert, par-delà sa complexité, ne soit amené à faire jurisprudence et à influencer la législation. "Qu'on ne tire pas de ce qui va être vécu autour de Vincent Lambert un prétexte pour une avancée de notre pays vers des pratiques d'euthanasie", enjoint-il. "Notre rôle est aussi d'alerter pour que notre pays ne s'engage pas à partir de là vers des pratiques euthanasiques", martèle-t-il.
"Je voudrais que l'on reste vigilant et attentif, car notre société, notre civilisation, se construit sur le précepte : 'tu ne tueras pas'", soutient Éric de Moulins-Beaufort, qui cite l'Ancien Testament. "Il faut vraiment que nous soyons très prudents pour ne pas nous laisser entraîner par nos pouvoirs techniques, et transgresser cet interdit-là", conclut l'archevêque.