Un haut fonctionnaire brillant, un homme de dialogue cultivé et facile d'accès. C'est ce que retiennent tous ceux qui ont côtoyé le préfet Claude Érignac, assassiné il y a tout juste vingt ans. "Il faisait ses courses, décontracté, […], c'était un brave homme", se souvient notamment René, qui a croisé le haut-fonctionnaire sur le marché.
La mobilisation des Corses. Claude Érignac a été abattu de trois balles dans une rue d'Ajaccio, dans la soirée du 6 février 1998, par deux indépendantistes corses alors qu'il se rendait au théâtre. Une mort qui a provoqué une onde de choc sans précédent. De Bastia à Ajaccio, des milliers de personnes étaient descendues dans la rue. "Il y a avait 40.000 personnes, plus que sur la manifestation nationaliste [qui a réuni entre 5.600 et 8.000 personnes samedi selon les estimations, ndlr]. On a tué un innocent, c'était un véritable homme de consensus. Tout est parti en vrille après", se souvient Pascal. Claude Érignac était arrivé à Ajaccio deux ans plus tôt dans un climat de tensions. Les attentats et "règlement de compte sanglant" se multipliant. Mais jamais l'île n'avait atteint ce degré de violence envers l'Etat.
Classe et simplicité. Président de l'exécutif corse au moment du drame, Jean Baggioni était devenu l'ami du préfet Érignac. "Il avait la classe d'un préfet, son allure physique, sa démarche, l'intonation de sa voix", se remémore l'élu. "Il n'avait pas la prétention d'être à tout moment le représentant de l'Etat. La preuve est donnée par cette triste soirée : remerciant son chauffeur, il est sorti au volant de sa voiture, conduisant sa femme. Ils se confondait avec les autres dans une simplicité reconnu et saluée".
Pour la première fois, la veuve de Claude Érignac participe à l'hommage rendu à Ajaccio à son mari mardi matin, en présence d'Emmanuel Macron.