Comme un petit air de La Guerre des Étoiles. Les armées françaises ont commencé cette semaine, et jusqu'au 12 mars, leur premier exercice militaire spatial. Une opération baptisée AsterX (une double référence au célèbre Gaulois dessiné par Uderzo et au premier satellite français, placé en orbite en 1965), qui se révèle être une gigantesque modélisation de ce que pourrait être aujourd’hui un conflit dans l’espace.
Un scénario en plusieurs points
Le scénario de l'exercice, entièrement simulé, part d'une crise entre un Etat doté de capacités spatiales et un autre qui a un accord d'assistance militaire avec la France. L'exercice se découpe en plusieurs phases : on y trouve par exemple une entrée dans l'atmosphère de débris de fusée, ce qui demande de pouvoir suivre des trajectoires multiples et de prévenir les populations éventuellement mises en danger, mais aussi la détection d'approches hostiles contre les satellites tricolores. Ou encore la réaction à des attaques de nos systèmes exoatmosphériques, que ce soit par brouillage ou par destruction.
Des exercices cruciaux, puisque les armées françaises dépendent très lourdement des satellites, que ce soit pour le renseignement ou pour leurs communications. Si par exemple un ennemi privait les forces tricolores de leurs bandes passantes, ce sont pratiquement tous nos systèmes d'armes les plus sophistiqués (avions, bateaux, chars de combat) qui seraient réduits à l'état de vulgaire ferraille. Mais les choses ne seraient guère meilleures du côté de la société civile, où les hôpitaux, les banques mais également les transports seraient paralysés.
Une capacité de défense essentielle
C'est pour cela qu'il faut être capable de faire face à une attaque venue de l'espace. Et c'est justement le rôle du Commandement de l’Espace, une nouvelle structure fondée à Toulouse en 2019. Avec l'opération AsterX, cette dernière montre d'ailleurs d'une part qu'elle est opérationnelle, mais aussi que la France est une puissance militaire spatiale.
Mais cette opération est également l'occasion de montrer le savoir-faire Français unique en Europe en la matière. Preuve en est, c'est à Toulouse que l'OTAN a décidé d'installer son centre d'excellence sur le spatial.
Le Commandement de l'Espace est un investissement qui a été fortement porté par la ministre des Armées, Florence Parly, depuis 2017. Année au cours de laquelle le satellite-espion russe Louch-Olympe avait tenté de s'approcher du satellite militaire franco-italien Athena-Fidusun pour, vraisemblablement, effectuer une opération de piratage.
Ce sont donc pas moins de 5 milliards d'euros qui ont été investis depuis dans la modernisation des capacités spatiales françaises, avec notamment le projet ARES, qui doit permettre de passer de la simple surveillance spatiale à des capacités de défense dans l'espace. Un premier satellite guetteur/patrouilleur devrait d'ailleurs être lancé en 2023. L'objectif étant de doter le Commandement de l'Espace de capacités d'interception en orbite basse à l'horizon 2030.