Il ira jusqu'au bout de son combat. 24 heures après avoir été conduit aux urgences, Stéphane Ravacley, boulanger de Besançon, compte bien poursuivre sa grève de la faim entamée il y a plus d'une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, Laye Fodé Traoré. "J'ai fait une promesse à Laye, c'est d'aller jusqu'au bout", indique-t-il au micro d'Europe 1. S'il sait "que la grève de la faim va marquer [son] corps" et précise que son "entourage a très peur", l'artisan est déterminé : "Je n'ai peur de rien."
"Une belle hypocrisie"
Le boulanger bisontin ne se nourrit plus que de bouillon et a perdu environ huit kilos depuis le début de sa grève de la faim. Une réaction pour le moins radicale, mais Stéphane Ravacley se défend d'être "un extrémiste". "Je ne fais que protéger une personne arrivée en France à 16 ans en tant que mineur isolé. L'État l'a pris sous son aile et à 18 ans, Laye découvre qu'il n'a pas de papiers, c'est une belle hypocrisie." Parti de Guinée et arrivé en France comme mineur isolé après être passé par le Mali, la Libye et avoir traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Italie, avant de rallier la France, le jeune homme est en effet désormais visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et menacé d'expulsion.
Une véritable injustice pour son patron. "On lui a donné un rêve et là on le détruit", résume-t-il.
Vers une loi pour éviter les cas similaires ?
Si Laye Fodé Traoré a saisi le tribunal administratif de Besançon sur le fond pour contester l'OQTF et le refus d'octroi de titre de séjour de la préfecture de la Haute-Saône, Stéphane Ravacley compte lui aussi user de la loi pour arriver à ses fins. "Je suis en train de voir avec des députés pour promulguer une loi pour protéger ces gamins jusqu'à l'obtention de leur diplôme."
"L'État est aveugle et sourd", estime Stéphane Ravacley. "J'aimerais qu'il perde ses deux cécités pour revenir à un moment de lucidité."
Elisabeth Borne "comprend l'émotion que suscite cette situation"
"Je comprends l'émotion que suscite cette situation", a réagi la ministre du Travail Elisabeth Borne, invitée d'Europe 1, jeudi matin. "La règle c'est que normalement quand un mineur est accueilli en France, il est pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance, il doit recevoir une formation comme tout le monde, et quand ça s'est bien passé, au bout de deux ans, il peut continuer à travailler", a-t-elle poursuivi. "Là, on a un cas particulier, on a des doutes sur les déclarations que le jeune a pu faire. Il y a une procédure judiciaire et je ne vais pas me prononcer dessus."