La Fondation Abbé Pierre publie ce mercredi son rapport sur l'état du mal-logement dans le pays. Il révèle qu'entre 2012 et 2020, la demande de logement social a progressé deux fois plus vite que leur construction, laissant de nombreuses personnes vivre au quotidien dans des logements insalubres. Au sixième étage de cet immeuble, un escalier étroit débouche chez Fazia. La sexagénaire occupe cet appartement sous les toits depuis 1994. Vingt ans de vie dans ces 20 mètres carrés vétustes.
Plus de 10 ans d'attente pour un logement social
Une douche noircie par la moisissure, des murs rongés d'humidité derrière une couche de papier peint. "Tout est pourri ! J'ai essayé de mettre du scotch par-dessus, mais il y a toute cette humidité ! Ce n'est pas un logement c'est un débarras", lance-t-elle.
Des courants d’air froid s’immiscent à travers les fenêtres rouillées par les années. Fazia, ses chaussons gris aux pieds, secoue la tête : "Je paye 482 euros de loyer par mois", explique-t-elle. Cette somme représente presque la moitié de la retraite de cette ancienne femme de ménage.
Fazia rêve d'un logement social, neuf, qui lui coûterait presque deux fois moins cher. Un endroit où elle pourrait accueillir sa fille unique, âgée d’une quarantaine d’années. Mais cela est loin d'être facile. La sexagénaire attrape une pochette noire, à l'intérieur, ses demandes de logements sociaux sont soigneusement classées. Une par an, depuis 2010. Toutes restées lettre morte. "J'ai besoin d'un appartement comme tout le monde, j'ai besoin d'une chambre, d'un salon, je ne demande pas la lune !" s'exclame-t-elle.
Des années d'attente interminable pour trop peu de logements sociaux construits. En France, près de 2 millions de demandes d'accès à un HLM sont toujours sans réponse.