À chaque année sa mode alimentaire. Alors qu'en 2017, la tendance était plutôt à la consommation de curcuma, cette épice indienne aux vertus anti-inflammatoires et anti-cancer, ou encore au fruit du jacquier - à la texture parfaite pour remplacer le porc dans les plats végétaliens - il est temps de se demander de quoi sera faite notre alimentation en 2018. Bien que les super-poudres comme le maca, la spiruline ou le matcha restent des basiques, Europe 1 a fait le tour des Pinterest, Instagram et autres études sur la consommation pour dénicher les modes alimentaires de l'année à venir.
Les produits à avoir dans son assiette
Le pouvoir des fleurs
En 2018, nous allons consommer de plus en plus de fleurs et de plantes parfumées. Que ce soit dans des infusions ou des eaux aromatisées, nous allons consommer de la lavande, de la camomille ou de la mélisse. Ces trois plantes forment le trio gagnant des herbes utilisées en 2017 dans les produits alimentaires et boissons pour leurs propriétés relaxantes, selon l'étude annuelle de Mintel, spécialiste des études de marché. Leur succès devrait donc se poursuivre.
Parmi les autres parfums que l'on devrait voir fleurir dans nos boissons, l'hibiscus, la fleur de sureau ou encore la rose, selon le classement alimentaire de l'enseigne américaine Whole Foods Market. Des fragrances que l'on devrait également consommer dans des boissons pétillantes aromatisées qui pourraient remplacer l'année prochaine les classiques sodas très sucrés.
Les aliments fermentés pour prendre soin de son intestin
Cette tendance avait déjà pointé le bout de son nez en 2017 mais il semble qu'elle s'apprête à envahir plus largement nos assiettes : les aliments fermentés sont les amis de notre système digestif. Alors que de plus en plus de recherches tendent à montrer l'importance de notre intestin (considéré par certains spécialistes comme notre "deuxième cerveau") sur notre bonne santé générale, les aliments qui en prennent soin sont plébiscités, selon les projections du journal britannique BBC Good Food.
Mais de quoi s'agit-il ? Le miso (pâte de soja), le kimchi (chou chinois au piment) ou encore le kéfir (boisson lactée) mais aussi tout simplement les yaourts et le fromage font partie de ces aliments dits "fermentés". Techniquement, ce sont des molécules de glucides qui se transforment sous l'action de levures ou de bactéries. Une opération qui permet à ces aliments de se doter de divers bienfaits comme une teneur augmentée en vitamines (B notamment), de favoriser l'absorption des nutriments, de réduire l'acidité gastrique et d'améliorer la digestion.
L'autre avantage de ces aliments, c'est qu'on peut facilement les réaliser soi-même. De nombreuses recettes existent pour faire son propre kimchi, son kombucha maison (une boisson acidulée mongole) ou encore son fromage grâce à des ferments lactiques.
INSTANT RECETTE : Les pickles de radis
Versez une casserole d'eau bouillante (500 mL) additionnée de sucre (150g), de vinaigre d'alcool blanc (150 mL) ainsi que des aromates comme du poivre en grains, du thym, du laurier, des graines de fenouil sur une botte de radis équeutés et lavés. Après avoir laissé l'ensemble reposer à couvert pendant 48 heures, conservez l'ensemble dans un bocal et servez les radis comme des cornichons.
Des encas soufflés, sautés, séchés
En 2018, finies les banales chips de pommes de terre salées, place aux chips de manioc, aux grappes de riz soufflé et aux chips de fava (pois cassés grecs) aux algues. Les consommateurs sont désormais à la recherche de nouvelles sensations en bouche à travers des textures inédites : sauté, soufflé, séché ou encore croustillant. L'étude de Mintel révèle que 26% des Français sont prêts à essayer des textures peu habituelles. C'est ce qu'on appelle la "fun food', une manière de sortir du stress de la routine, selon l'étude de Mintel.
L'accumulation de couches, de fourrages ou encore de couleurs qui sortent de l'ordinaire sont d'ailleurs un critère déterminant pour faire une bonne friandise, selon les consommateurs chinois. 43% d'entre eux sont intéressés par des thés prêts à boire avec des morceaux de fruits.
Parmi les encas, les friandises restent en bonne place. Mais dans un contexte d'augmentation de l'obésité et de problèmes d'addiction au sucre, les consommateurs recherchent des produits avec des indices glycémiques plus bas. Les sirops fabriqués à partir de dattes, de sorgho (une plante africaine proche du maïs) ou simplement le sirop d'agave seront à l'honneur en 2018, selon le panel annuel de tendances alimentaires de l'association américaine SFA (Speciality Food Association).
Une petite tchoutchouka ?
Les accros du fouet et de la planche à découper connaissent déjà le houmous (une purée de pois chiches à l'huile), le tahini (une purée de sésame), les falafels (des boulettes végétariennes de pois chiche) et le pain pita. Mais en 2018, les amoureux de la cuisine devraient voir la cuisine du Moyen-Orient s'imposer encore plus. Les épices comme l'harissa, la cardamone et le za'atar ont déjà fait leur entrée dans nos assiettes. D'autres plats comme l'halloumi grillé (fromage chypriote), la tchoutchouka (un plat de légumes du Maghreb) ou encore le confit de tomates devraient également être à la mode.
Adopter de nouveaux modes de consommation
Personnaliser son alimentation grâce aux nouvelles technologies
L'une des clés de l'alimentation de 2018 sera sans doute la personnalisation. Les consommateurs veulent désormais adapter les alimentations à leurs besoins. Par exemple, les Français comme leurs voisins allemands et espagnols vont rechercher des produits contenant peu de matières grasses et de sucres. Par ailleurs, la présence d'ingrédients dont les propriétés positives sont reconnues (des herbes, des graines, des épices, des extraits végétaux) seront un véritable argument de vente.
L'expansion du e-commerce participe également à cet engouement pour la personnalisation. Mintel prévoit par exemple que les systèmes de réapprovisionnement automatiques des réfrigérateurs ou encore les assistants vocaux comme Google Home et Amazon Echo encouragent cette tendance car ils facilitent l'établissement d'une liste de course et font des recommandations d'achat.
Dans la cuisine du petit chimiste
Que ce soit pour des raisons environnementales, éthiques ou de santé, la consommation de viande est de plus en plus décriée. Le ministre de la Transition écologique s'est même montré favorable à l'introduction d'un repas végétarien hebdomadaire dans les cantines scolaires, en novembre dernier.
D'ailleurs les alternatives à la chair animale se multiplient. Tofu (soja fermenté), tempeh (sorte de steak à base de soja fermenté) ou même quinoa auront donc le vent en poupe en 2018. Ainsi les laits végétaux (de riz, d'avoine, de coco, d'amande), les beurres de noix et autres bacon de copeaux de noix de coco se développent de plus en plus.
Mais cette tendance va au-delà du simple plat végétarien puisque plusieurs start-ups développent des viandes fabriquées sans avoir recours à l'élevage. La technique est connue, elle consiste à cultiver des cellules musculaires en laboratoire. "On multiplie donc les protéines animales en laboratoire mais cela ne permet pas d'avoir de complexité comme la matière grasse (qui donne du goût) ou encore des nerfs", a expliqué Jean-François Hocquette, chercheur à l'INRA, à Europe1.fr.
Selon le spécialiste, la viande artificielle n'est pas encore pour demain. Car pour devenir courante, elle devrait surmonter de nombreuses difficultés aussi bien éthiques (une viande artificielle) que pratiques (être produite à l'échelle industrielle). Quand aux différentes substances chimiques dont elles seront additionnées, l'équilibre entre la préservation de l'environnement et les méfaits sur la santé des consommateurs est encore à trouver.
Consommer en pleine conscience
Les consommateurs voudront, encore plus qu'en 2017, savoir ce qui se trouve dans leur assiette. Après les différents scandales alimentaires qui ont rompu la confiance entre les clients et les industriels (le dernier en date concernant les laits infantiles contaminés à la salmonelle), les consommateurs souhaitent plus encore avoir une forme de traçabilité de ce qu'ils mangent. Les fabricants sont donc sous pression pour publier des données "complètes et honnêtes", selon les termes de l'étude Mintel. Les produits comportant des mentions comme "sans additifs", "sans conservateurs" ou éthiques ont atteint 22% des nouveautés en 2017, soit un chiffre en progression de 17%.
Dans la même logique, les consommateurs seraient prêts à privilégier les circuits courts pour leurs aliments. Selon la BBC Good Food, les consommateurs auraient tendance à privilégier les plats élaborés à partir d'ingrédients produits à une distance de marche. Un principe appliqué par certains chefs et non des moindres comme René Redzepi qui dirige la cuisine deux étoiles du Noma, à Copenhague, sacré meilleur restaurant du monde quatre ans de suite.
Tout cuisiner, de la racine à la feuille
Dans l'idée de mieux respecter l'environnement, il s'agit également de réduire ses déchets et donc de consommer intégralement les fruits et légumes. Une nouvelle tendance, qui devrait se développer en 2018, consiste à cuisiner les matières premières "de la racines aux feuilles". Si la soupe de fanes de carottes est connue, de nouvelles recettes ont vu le jour comme les écorces de pastèque en pickles, le pesto de fanes de betteraves ou encore la salade de tiges de brocolis, détaille Whole Foods Market. Les amateurs y verront une manière de découvrir de nouvelles saveurs et de nouvelles textures.
INSTANT RECETTE : Le pesto de fanes de betterave
Faites griller une poignée de pignons de pain dans une poêle sans matière grasse et mettez-les de côté quand ils sont dorés. Epluchez deux gousses d'ail et mixez-les avec une grosse poignée de fanes de betterave. Versez 150 à 200 mL d'huile d'olive au fur et à mesure. Une fois que l'ensemble a pris la consistance d'une crème, cessez de mixer, ajoutez les pignons de pain, salez et poivrez puis mélangez l'ensemble. Vous pouvez servir ce pesto sur une tranche de pain grillé en apéritif ou comme sauce dans ses pâtes.