Les services publics ont-ils encore droit de cité dans les quartiers de Marseille gangrénés par le trafic de drogue ? Livrer du courrier, prodiguer des soins à domicile... Des gestes du quotidien que facteurs et infirmiers doivent réaliser la peur au ventre, fouillés par des caïds armés à l'entrée des cités.
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"C'est comme à la douane"
C'est la partie du métier la plus difficile, la plus effrayante, nous expliquent des infirmiers de l'hôpital psychiatrique Edouard Toulouse : quand leur ambulance s'arrête au barrage tenu par des adolescents cagoulés. "On parle de checkpoints. Faut montrer patte blanche, c'est-à-dire qu'ils font une fouille du véhicule. On nous fait sortir de la voiture, on peut nous demander d'ouvrir le coffre. Et vous avez le guetteur qui ouvre sa veste pour mettre bien en avant le fait qu'il soit porteur d'une arme à feu. C'est pour montrer que ce sont eux les patrons", confie une conductrice d'ambulance au micro d'Europe 1.
Mais, passé la fouille générale, tout n'est pas gagné pour autant, selon une autre infirmière. "C'est comme à la douane, c'est une frontière. On va nous permettre d'accéder ou pas. Parfois même on va nous dire que ce sont eux qui vont aller chercher le patient, pour pas qu'on monte dans le bloc. Ils pensent qu'on est des policiers déguisés", regrette-t-elle, estimant que les soignants "dérangent le trafic, la clientèle".
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Des soignants des "molestés, frappés"
Une dérive observée depuis une quinzaine d'années maintenant par le secrétaire général Sud Santé de l'hôpital Kader Benayed. "Il y a déjà eu des blessés, des gens qui ont été molestés, frappés. On est dans une dérive inquiétante et aujourd'hui, on nous demande de prendre des risques pour aller soigner. C'est pour ça qu'on demande une prime en territoire difficile. On pourrait même l'appeler de prime en zone de guerre s'il faut. Mais ça devient compliqué quoi", s'alarme-t-il. Face à la situation, ces infirmiers sont de plus en plus souvent escortés par la police.