"Un dérapage de quelques mois ou années". C'est ainsi que Christian Lothion, invité d'Europe 1 lundi, a qualifié les faits de corruption reprochés à Michel Neyret. Le procès de l'ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise, révoqué de la police en 2012, s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est soupçonné d'avoir renseigné des membres du milieu lyonnais en échange d'avantages et d'avoir prélevé sa dîme sur des saisies de stupéfiants.
"Un excellent policier". "C'était un excellent flic", se souvient Christian Lothion, qui a dirigé la PJ de Lyon entre 2002 et 2004. "Il avait une réputation d'excellent policier, intègre, et je pense qu'elle n'était nullement usurpée", estime son ancien supérieur hiérarchique. "Il connaissait parfaitement à la fois ses cibles, mais aussi ses dossiers, sur le bout des doigts. Je n'avais aucun doute sur lui, parce que je suis à peu près sûr qu'il n'y avait pas de doute à avoir", assure-t-il.
Pourtant, le 29 septembre 2011, Michel Neyret était interpellé à son domicile par la police des polices. Alors directeur central de la police judiciaire, Christian Lothion était au courant qu'une enquête visait son ami. Il assure avoir "très mal" vécu de devoir garder le secret pour lui. "Il m'était interdit d'en parler. C'était un fardeau extrêmement lourd à porter", assure-t-il.
"Il sortait vraiment du lot". "Michel Neyret n'est plus mon ami, ni policier", avait déclaré à l'époque Christian Lothion. Des propos qu'il relativise aujourd'hui. "J'ai jugé ça un peu comme une trahison", explique-t-il. "Il ne faut surtout pas dire 'on s'est aperçu, après 32 ans de carrière, qu'en fait derrière l'excellent flic, il y avait un ripou.' Je pense qu'il a eu une carrière exceptionnelle, qu'il sortait vraiment du lot. Et puis il y a eu un dérapage de quelques mois ou années.", estime désormais l'ex patron de la PJ.
"Il s'est fait avoir". Comment "l'excellent flic" a-t-il basculé ? Pour Christian Lothion, Michel Neyret "s'est fait avoir" par ses informateurs, les "indics", dans le langage de la police. "Michel Neyret faisait partie des gens très attirés par ces contacts avec les voyous, mais dans le bon sens, au service des enquêtes", explique-t-il. "Ce sont des gens qu'il considérait comme ses amis, et qui voulaient le corrompre et obtenir par son intermédiaire certains renseignements qui les intéressaient", juge aujourd'hui Christian Lothion. "Ce sont des escrocs professionnels et ils ont inventé pour lui l'escroquerie à l'amitié."
Christian Lothion n'a désormais plus de contacts avec l'homme dont il assure avoir été "très proche". "Il n'est plus policier, en revanche, à mes yeux, il reste quelqu'un qui a été un excellent policier", confie-t-il. "J'espère qu'il s'en sortira le mieux possible pour lui."