Reprendre une activité sportive, arrêter de fumer, manger plus sainement… Chaque année, c'est la même rengaine. Avec la rentrée scolaire, les conseils fleurissent dans les magazines pour prendre de nouvelles et surtout de bonnes habitudes. Mais est-ce plus judicieux de la faire à ce moment-là ? Et comment faire pour ne pas s'en éloigner au bout de quelques semaines ? Béatrice Voirin, coach et psychothérapeute, nous éclaire.
La rentrée est-il un bon moment pour prendre de nouvelles habitudes ?
Béatrice Voirin : Cela peut l'être, oui. Pendant les vacances, nous avons davantage le temps de nous poser les bonnes questions. La rentrée de septembre, c'est une période de renouveau. On est généralement dans un meilleur état d'esprit et cela peut être un bon moment pour se lancer de nouveaux défis. Et puis c'est une motivation comme une autre. Puisque beaucoup de gens s'y mettent à ce moment-là, pourquoi pas moi ?
Pour autant, ce n'est pas l'essentiel. Ce qui compte, lorsque l'on souhaite prendre une bonne habitude, ce n'est pas le mois ou la période pendant laquelle on la prend. L'essentiel, c'est de savoir si c'est le bon moment pour moi.
Comment s'y prendre ?
B.V. : On peut commencer par se poser les bonnes questions, comprendre ce qui compte pour moi et pourquoi j'ai envie de prendre cette nouvelle habitude. Ainsi, ce n'est pas parce que le yoga est à la mode que cela me correspond. Il faut se demander pourquoi l'on souhaite prendre telle ou telle résolution. Par exemple : "pourquoi est ce je veux me mettre à courir? Pour perdre trois kilos. Pourquoi ? Pour me sentir plus jolie. Pourquoi ? Pour me sentir mieux dans ma peau et plaire." La plupart du temps la réponse aux "pourquoi" c'est l'amour, l'envie et parfois la peur.
Ensuite, il est bon d'avoir en tête qu'un objectif est généralement plus facile à atteindre s'il est quantifié. Plutôt que se donner comme nouvelle habitude de "manger mieux", mieux vaut définir concrètement par quoi cela se traduit : réduire sa quantité de sucre consommé, arrêter de manger de la viande, par exemple.
De la même façon, on réussira davantage à s'y tenir si l'objectif est atteignable. Ainsi, si vous n'avez pas fait de sport de l'année, se mettre à courir une heure par semaine pourra être compliqué et le risque est d'arrêter au bout de quelques semaines. Décider de courir 5 à 10 minutes, deux fois par semaine peut être une bonne alternative. De cette façon je suis valorisée, je n'ai pas mis la marche trop haute, et en y allant en douceur, je peux ancrer plus facilement mes habitudes. C'est la philosophie du kaizen, la régularité qui fait la nouvelle habitude.
Il faut accepter également de ne pas réussir tout de suite...
B.V. : Déjà, si l'on se facilite la vie, en choisissant par exemple un cours de sport à deux pas de chez soi plutôt que d'opter pour la salle dernier cri à 45 minutes de métro, on a plus de chance de se tenir à ses résolutions.
Mais c'est vrai qu' il faut accepter que cela ne fonctionne pas au début, que cela ne soit pas parfait. Par exemple, si l'on décide d'arrêter de fumer, il ne faut pas s'en vouloir de craquer mais plutôt essayer de mettre en place des plans B lorsque l'on est en difficulté, comme appeler un ami qui nous motive, une association qui nous conseille, se faire aider avec des patchs. L'important est de savoir adapter son espoir. Accepter de tomber et de ne pas obéir à ce que l'autre attend de moi.
Pourquoi est-ce que prendre de nouvelles habitudes nous fait du bien ?
B.V. : C'est une façon de retrouver de l'estime de soi. Si je prends de bonnes résolutions, j'accepte de me passer du plaisir à court terme pour avoir du plaisir à long terme. Et je tire une fierté de cela.