C'est l'ouverture, ce lundi, de la Conférence des Nations unies sur les océans à Lisbonne au Portugal. Elle dure jusqu'au 1er juillet. Parmi les sujets à l'ordre du jour : la menace, très sérieuse, des tsunamis en Méditerranée. Le risque qu'une vague de plus d'un mètre survienne au cours des 30 prochaines années est proche de 100% ! En raison des glissements de terrains sous-marins qui se sont déjà produits sur la Côte d'Azur, du frottement des plaques tectoniques en mer Égée et de l'instabilité des volcans italiens. Un danger auquel les Français sont peu sensibilisés.
La vague, qui pourrait toucher la France, ferait des dommages très localisés et uniquement dans les ports ou sur les plages de la zone concernée. Deux scénarios sont pour l'instant envisagés. Dans le premier cas, la mer, soudainement, se retire : il faut alors évacuer la zone immédiatement. Dans le second cas, un séisme se déclare à l'étranger, en Méditerranée. Les habitants sont alors prévenus par SMS et ont davantage de temps - une heure environ, en fonction de la distance de l'épicentre - pour se mettre à l'abri.
Un risque connu, mais absent des documents d'information des municipalités concernées
Mais dans ces deux situations, les Français sont peu sensibilisés, d'après Matthieu Péroche, chercheur en géographie des risques à l'Université Paul Valéry - Montpellier 3. "C'est complètement absent des documents réglementaires, et en général absent des documents d'information, excepté pour la ville de Cannes", avance-t-il. "Donc c'est aussi normal que la population n'ait pas plus connaissance du phénomène."
Si les consignes sont globalement connues des Français - s'élever à plus de cinq mètres de hauteur et s'éloigner de 200 mètres du bord de l'eau -, les dommages, eux, sont sous-estimés.
Sensibilisation inexistante auprès des habitants et des touristes
"Si un tsunami atteint les côtes françaises, on va avoir une submersion qui sera importante à l'intérieur des plages avec, si on est sur une période estivale, potentiellement des victimes", explique Matthieu Péroche. "La sensibilisation de ce phénomène auprès des habitants, mais aussi des touristes est aujourd'hui inexistante en Méditerranée française", affirme-t-il. "Elle se fait par des plaquettes, des flyers, des petites vidéos… Et elle se fait aussi par la mise en place d'une signalétique qui permet d'indiquer le site refuge le plus proche, l'itinéraire le plus adapté pour évacuer le plus grand nombre de personnes en un minimum de temps", poursuit le chercheur. "Il faut enfin que les autorités organisent des exercices réguliers avec la population."
En France, pour l'instant, seule la ville de Cannes a pris la décision d'installer, dès cet été, des panneaux spécifiques au risque tsunami. Les actions de cette ville sont saluées par l'Unesco qui a prévu d'annoncer, à Lisbonne, l'extension de son programme de prévention du risque tsunami. L'institution va ainsi s'assurer que l'ensemble des populations côtières à risque soient formées par les autorités locales d'ici 2030. Cannes pourrait alors devenir la première ville française à intégrer ce programme.