"Cela devrait être une évidence." 162 personnalités du monde artistique ont signé vendredi une tribune appelant à protéger les enfants des crimes sexuels en fixant à 15 ans le seuil de non-consentement et 18 ans en cas d'inceste. Parmi les signataires se trouve Tristane Banon, qui avait été l'une des premières dans les années 2000 à raconter avoir été victime d'agression sexuelle de la part de Dominique Strauss-Kahn. "La France est l'un des pays d'Europe qui n'a pas encore légiférer sur le seuil de non-consentement des enfants", regrette-elle samedi au micro d'Europe 1.
"Crime de masse"
Les signataires demandent à ce que tout acte de pénétration sexuelle commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans soit automatiquement considéré comme un crime, sans qu'il soit possible d'interroger le consentement de la victime. "Cela devrait être une évidence. La peur des enfants et l'emprise des adultes peuvent faire que les victimes ne vont pas se débattre, ne pas manifester de non-consentement. Avant 15 ans, le consentement n'est pas possible dans une relation avec un adulte", souligne Tristane Banon.
La tribune qualifie de "petit progrès" le texte de loi Billon adopté par le Sénat le 21 janvier visant à fixer le seuil du non-consentement sexuel à 13 ans. "C'est bien mais c'est insuffisant", affirme Tristane Banon, qui ajoute : "L'emprise dure bien au-delà de cet âge." Evoquant un "crime de masse", la tribune cite des estimations selon lesquelles "dix millions de Français" ont été victimes de violences sexuelles avant 18 ans, et rappelle "qu'un enfant mineur (est) violé toutes les heures en France".
Vers l'introduction d'"un écart d'âge de 5 ans" ?
Le gouvernement s'était dit mardi "favorable" à l'adoption de ce seuil à 15 ans. Mais pour "éviter de criminaliser une relation adolescente consentie qui se poursuit après la majorité du plus âgé", l'exécutif voudrait toutefois introduire "un écart d'âge de 5 ans". "On comprend qu'il faille protéger ces possibles amours. Mais nous prônons une loi visant à protéger le plus nombre, pas les cas marginaux", répond Tristane Banon. Elle conclut : "Il appartient au législateurs de trouver une solution qui ne devienne pas une échappatoire pour les pédo-criminels."