Alors que la grève des cheminots doit commencer dans quatre jours, le patron de la SNCF a annoncé une retenue sur salaire des grévistes, soit 36 jours de retenues sur salaire, et même 45 jours en comptant les jours de congés. "On considère que c’est une réelle provocation de la direction qui vise à limiter les cheminots à entrer en grève", a condamné jeudi dans Europe Soir Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa Ferroviaire, deuxième syndicat des cheminots à la SNCF.
La grève considérée comme un seul mouvement par la direction. "La méthode - en mettant deux jours de grève répétés - est de faire le plus de journées de grève avec une retenue minimale sur salaire sur les jours non travaillés. Or (…) les journées d’absence seraient décomptées sur toute la période (des trois mois de grève, ndlr) comme si ce n’était qu’un seul mouvement" selon la direction, poursuit Roger Dillenseger. Mais les syndicats de cheminots font valoir qu’à ce stade, seul un préavis de grève de deux jours a été déposé pour les 3 et 4 avril prochains. "Personne ne parle d’autres préavis, ça viendra en temps utile si on ne trouve pas de solutions" dans les négociations, poursuit-il, alors que les syndicats ont d’ores et déjà annoncé 17 autres épisodes de grèves (de deux jours chacun) sur les trois prochains mois.
Vers des poursuites en justice ? Le secrétaire général de l’Unsa Ferroviaire se dit prêt à attaquer en justice la décision de la direction de la SNCF de faire des retenues sur salaires des grévistes. Cette méthode "va amener l’inverse de ce qu’attend la direction; ça va cristalliser et augmenter la colère des cheminots, en particulier chez les syndicats qui encadrent le mouvement", prévient par ailleurs Roger Dillenseger, appelant le "gouvernement à prendre ses responsabilités" en reculant sur la réforme par ordonnances du ferroviaire.
Les syndicats pourraient saisir l'inspection du travail. Les syndicats CGT, Unsa et CFDT de la SNCF ont annoncé jeudi soir qu'ils pourraient saisir l'inspection du travail sur la décision de la direction de ne pas payer des jours de repos de grévistes. "La direction affiche qu'elle conteste nos préavis" de grève "mais elle ne les met pas au tribunal. Si elle va au tribunal, c'est le tribunal qui tranchera; si elle n'y va pas et qu'elle affirme aux salariés que nos préavis ne sont pas valables, alors c'est une remise en cause du droit de grève et c'est la Dirrecte, l'inspection du travail, qui devra trancher", a déclaré à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.