Jean-Marc Reiser, mis en examen pour assassinat après la disparition de Sophie Le Tan, une étudiante de 20 ans, répondait vendredi au juge d'instruction de Strasbourg tout en maintenant n'être aucunement impliqué dans cette affaire, lors de sa première audition sur le fond.
"Il répond à toutes les questions, ce n'est pas pour autant qu'il reconnaît une quelconque participation à la disparition de mademoiselle Le Tan", a indiqué son avocat, Me Francis Metzger, à la faveur d'une interruption de l'interrogatoire à la mi-journée. "Ce n'est pas terminé, il y en a encore pour un bon moment", a-t-il poursuivi, assurant que son client n'était "pas sur la défensive".
Détenu à la maison d'arrêt de la capitale alsacienne, le suspect de 58 ans qui s'était muré dans le silence depuis son arrestation, est arrivé au tribunal à 8h30 à bord d'un fourgon de l'administration pénitentiaire avant de rejoindre une demi-heure plus tard le cabinet de la juge d'instruction, Éliette Roux.
"La vérité pour Sophie". Sous les fenêtres du tribunal, une trentaine de personnes, anonymes et proches de Sophie Le Tan, ont pris part dans la matinée à un "rassemblement citoyen", après l'organisation ces dernières semaines de plusieurs "battues citoyennes" dans la région de Strasbourg ainsi que d'une marche solidaire. Certaines arboraient des banderoles demandant la "vérité pour Sophie" et des t-shirts blancs barrés de l'inscription: "On lâche rien". Également présent, le père de Sophie Le Tan, Tri Le Tan, a fait lire un message par un interprète : "Nous espérons que la lumière soit faite et que le coupable soit puni. Nous appelons les personnes responsables et les personnes qui aiment la justice à faire en sorte que ce drame soit bien élucidé. Nous aimerions trouver la vérité puisque, depuis un mois, le silence est presque total".
Des traces de sang et un ADN correspondant à celui de la jeune femme. Sophie Le Tan n'a plus donné signe de vie depuis le 7 septembre. Elle devait visiter ce jour-là un appartement à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg. Une semaine plus tard, le 15 septembre, les enquêteurs avaient arrêté Jean-Marc Reiser, 58 ans, retrouvant à son domicile de Schiltigheim des traces de sang laissées malgré un nettoyage récent. Dans ces traces, ils ont mis en évidence un ADN correspondant à celui de Sophie Le Tan.
Des similitudes avec une autre affaire. Deux jours plus tard, Jean-Marc Reiser avait été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration. L'homme, au lourd passé judiciaire, avait notamment été condamné en 2001 par la cour d'assises du Doubs à quinze ans de réclusion pour des viols commis en 1995 et 1996, peine confirmée ensuite par la cour d'assises d'appel de Côte-d'Or en 2003. Jean-Marc Reiser avait aussi été acquitté en 2001 par la cour d'assises du Bas-Rhin dans une autre affaire, la disparition d'une jeune femme de 23 ans, en 1987, dont le corps n'a jamais été retrouvé.