L’opération "place nette" annoncée comme "XXL" à Marseille poursuit son cours. Selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, près de 120 personnes ont été interpellées et environ 22 kg de stupéfiants ont été saisis après trois jours d'opération. Mais alors, comment ramener la paix à Marseille ? Une partie de la réponse est entre les mains des enquêteurs de police judiciaire, chargés eux de remonter les filières et les organisations criminelles. Leur travail est aujourd’hui quasi-impossible.
Une guerre des moyens
D’un côté, les 600.000 euros de budget annuel pour l’office anti-stupéfiants, l’OFAST. De l’autre, les 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires du trafic de drogue chaque année en France. Quand l’État français débourse un tout petit euro pour lutter contre les organisations criminelles, le stupéfiant en rapporte 5.000. La guerre des moyens est donc asymétrique. La première réalité est que chaque année, 50.000 personnes sont mises en cause pour trafic de stupéfiants. Un contentieux de masse impossible à traiter dans les commissariats et les parquets car, de toute évidence, les prisons débordent.
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Deuxième constat, l’État de droit ne permet pas aux services de police de démanteler en profondeur les structures criminelles. "On nous reproche des enquêtes trop longues. Mais il faut les bétonner. Sans cela, c’est toute la procédure qui tombe face aux armées d’avocats des dealers", explique un policier spécialisé. Comme au début de l’année, lorsque la chambre de l’instruction de Paris a relâché trois dealers parisiens, pour un minuscule vice de procédure de la part des policiers.
Des enquêteurs qui, même lorsqu’ils sont tatillons, se heurtent quotidiennement au mur de la coopération judiciaire et donc à la diplomatie. Les services de renseignement savent parfaitement où se trouvent les 20 plus gros narcotrafiquants français. Ils sont stationnés à Dubaï, en Thaïlande et au Maroc. Bien au fait de l’impuissance de l’État français à l’extérieur de ses frontières.