Emmanuel Macron quitte Mayotte après une visite de deux jours auprès des victimes du cyclone Chido
Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi à la mi-journée, après deux jours de visite sur l'archipel dévasté par le cyclone Chido.
Le chef de l'État a présidé juste avant son départ une cellule de crise par visioconférence avec ses ministres à Paris, dont le Premier ministre François Bayrou.
Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi à la mi-journée, après deux jours de visite sur l'archipel dévasté par le cyclone Chido, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le chef de l'État, qui a présidé juste avant son départ une cellule de crise par visioconférence avec ses ministres à Paris, dont le Premier ministre François Bayrou, s'est envolé en direction de Djibouti où il doit notamment partager le repas de Noël avec les troupes françaises qui y sont stationnées.
Les informations à retenir :
- Emmanuel Macron a prolongé vendredi sa visite à Mayotte.
- Jeudi, lors d'une première journée, le chef de l'État a pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse.
- Le président a aussi dit vouloir "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine" en augmentant, jusqu'à presque doubler, le nombre de reconduites à a frontière.
- Emmanuel Macron a fixé à lundi 23 décembre la journée de "deuil national".
- Le chef de l'État a quitté l'archipel à la mi-journée.
- Selon des chiffres provisoires, 31 morts et 2.500 blessés ont été officiellement recensés.
Vendredi matin, Emmanuel Macron s'est d'abord rendu dans des localités éloignées de Mamoudzou, le chef-lieu du département le plus pauvre de France, où les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent à arriver. À Tsingoni, commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel de l'océan Indien, il a été interpellé sur les pénuries. "On veut de l'eau, de l'eau", l'ont imploré des habitants.
"On a envoyé la force militaire pour déblayer les routes", "tout va être distribué", a assuré le président français, reconnaissant qu'il fallait "mieux informer" car l'absence d'information "crée de l'angoisse". Pour le rétablissement des lignes téléphoniques, "ça va prendre du temps", mais "on va mettre des systèmes satellitaires", a-t-il promis.
31 morts et 2.500 blessés, selon des chiffres provisoires
Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 2.500 blessés ont été officiellement recensés après le passage de ce cyclone dévastateur. "Il est vraisemblable qu'il y ait beaucoup plus de victimes", a reconnu M. Macron, rappelant qu'une mission avait été diligentée pour vérifier le nombre de morts.
Une centaine d'évacuations sanitaires ont également été effectuées depuis le 16 décembre, selon le ministère de l'Intérieur. Au Mozambique, le cyclone Chido - qui a frappé ce pays d'Afrique australe dimanche - a fait au moins 73 morts.
À 12H30 locales (10H30 à Paris), le président français a présidé en visioconférence depuis Mayotte la cellule interministérielle de crise, pour "conclure son déplacement et transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre", a annoncé l'Élysée.
"Macron, démission !"
Le président français a été confronté depuis son arrivée dans l'archipel à l'impatience, la colère et le désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu. "Macron démission !", "tu racontes des salades", "de l'eau, de l'eau, de l'eau !", lui ont lancé jeudi soir des jeunes et des mères de famille. N'arrivant pas à détailler les mesures égrenées au fil de la journée, Emmanuel Macron a fini par lâcher: "C'est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable !".
"N'opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens, on est foutus, parce que vous êtes contents d'être en France. Parce que si c'était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde!", s'est époumoné le président au milieu de la foule qui criait. "Il n'y a pas un endroit de l'océan Indien où on aide autant les gens.", a-t-il encore lancé.
Reconstruction en "deux ans" ?
Environ un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires.
"Mettre fin" aux bidonvilles et "supprimer" ces habitats "indignes" et "dangereux", c'est l'un des objectifs de la "loi spéciale" promise par le président pour "rebâtir" Mayotte. Il s'agit de "déroger aux règles", raccourcir les délais et faciliter la construction, à l'instar de ce qui a été fait pour organiser les Jeux olympiques et restaurer Notre-Dame de Paris en cinq ans après l'incendie de 2019.
Alors que le chef de l'État n'a pas fixé de calendrier à ce stade pour la reconstruction, son Premier ministre François Bayrou, depuis Paris, s'est voulu ambitieux. "Il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années", "peut-être deux ans", a-t-il dit jeudi soir. "J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche surhumaine, immense."
Le président veut "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine"
À moyen terme, le président a aussi dit vouloir "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine" en augmentant, jusqu'à presque doubler, le nombre de reconduites à a frontière, qui était de 22.000 en 2023.
Dans l'immédiat, il a assuré que 50% de l'eau et de l'électricité serait "rétabli d'ici" vendredi, même si cela pourra prendre "plusieurs semaines" dans les communes les plus "isolées. La distribution d'eau en bouteilles et de vivres atteindra toutes les communes "d'ici dimanche."
Une journée de deuil national le lundi 23 décembre
Emmanuel Macron a fixé à lundi 23 décembre la journée de "deuil national" en solidarité avec Mayotte, avec drapeaux en berne et minute de silence partout en France à la mi-journée. Vendredi soir, après cette visite intense de deux jours, le président de la République est attendu à Djibouti pour partager le traditionnel repas de Noël avec les troupes françaises déployés à l'étranger.