Saint-Nazaire 6:31
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Ophélie Artaud
Depuis le début de l'hiver, les Français jouent le jeu de la sobriété énergétique. Du côté des villes, cela passe par une baisse de l'éclairage public. L'une d'entre elles est pionnière sur le sujet : Saint-Nazaire, qui éteint ses lumières depuis 2018. Un avantage écologique et financier, comme l'explique le maire David Samzun au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Sobriété énergétique. C'est le mot d'ordre cet hiver. Entre les risques de délestages et l'inflation qui fait exploser le prix de l'électricité, les Français et les entreprises jouent le jeu depuis le début de l'hiver, comme le confirment les chiffres d'Enedis. De leur côté, de plus en plus de communes aussi font attention à ne pas consommer trop d'électricité. Cela passe notamment par une baisse de l'éclairage public. Sur cette question, la ville de Saint-Nazaire est pionnière.

Depuis 2018, son maire, David Samzun, teste l'extinction des lumières la nuit. Pour lui, c'est avant tout "une manière de conjuguer les enjeux environnementaux, sociétaux et financiers", comme il l'explique au micro d'Europe 1.

70% de la ville éteinte entre minuit et 5 heures du matin

Un choix écologique, car Saint-Nazaire "est une ville au bord de la mer, de la Loire et du parc régional de Brière et nous avons aux portes de la ville une biodiversité extrêmement importante. Elle aussi a besoin de repos". Et des intérêts économiques, car "même si nous n'étions pas dans la situation que connaît l'Europe aujourd'hui, nous avions la volonté de juguler l'inflation du coût de notre énergie en baissant nos consommations, car c'est le moyen le plus efficace."

Concrètement, la commune a décidé d'éteindre certaines lumières chaque nuit entre minuit et 5 heures du matin, et cela ne concerne que certains quartiers de la ville. "Ce n'est pas généralisé puisqu'il y a d'une part une spécificité portuaire avec des hommes et des femmes qui travaillent toute la nuit. Et puis il y a les axes structurants de flux qui fonctionnent aussi en permanence. En tout, 70% de la ville est éteinte entre minuit et 5 heures du matin", détaille David Samzun.

Une décision qui a également nécessité de faire beaucoup de pédagogie auprès de la population, inquiète que l'absence d'éclairage fasse augmenter les actes de délinquance. "Les chiffres n'ont pas augmenté", affirme le maire. "Les forces de l'ordre peuvent aussi rallumer à n'importe quel moment de la nuit un quartier ou une rue pour pouvoir sécuriser les interventions. Et s'il y a une situation tendue, que ce soit en termes de tranquillité publique ou de sécurité liée à des aléas climatiques, on rallume aussi le temps nécessaire."

1,5 million d'euros d'économie par an

D'un point de vue financier, éteindre l'éclairage public permet à Saint-Nazaire d'économiser "1,5 million d'euros chaque année. Je préfère mettre cet argent au service de la solidarité, pour avoir une ville plus agréable, plutôt que de le mettre dans une facture énergétique."

Et pour faire face à l'inflation, la ville met en place de nouvelles mesures pour continuer de faire baisser la facture d'électricité. "Nous sommes en train de moderniser notre réseau pour passer l'ensemble de l'éclairage public, parfois vieillissants, en LED. Ce sont des sommes financières extrêmement importantes mais notre responsabilité est de préparer le long terme", conclut le maire de Saint-Nazaire.