L'image avait fait le tour du monde, début mars : un plongeur se filmait en train de nager à Bali, enveloppé de gobelets, des bouteilles pour dénoncer la pollution des océans. Une quantité phénoménale de plastiques, au point que beaucoup parlent aujourd'hui de "septième continent" qu'il sera très difficile de réduire à néant. Impossible ?
Du carburant recyclé grâce au plastique ramassé ? Ce n'est pas forcément l'avis de Simon Bernard. Invité de Circuits courts, mercredi, le jeune homme de 26 ans a décidé de lancer une initiative, Plastic Odyssey, dont le projet est incarné par un "bateau ambassadeur" qui va sillonner l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud à partir de 2020. "À chaque fois que le bateau fait une escale, on récupère du plastique et on le transforme. Tout ce qu'on n'aura pas pu recycler, on va le stocker à bord, le convertir en carburant grâce à la pyrolyse du plastique. Cela ressemble à une sorte d'alambic, on va chauffer le plastique sans le brûler", explique-t-il.
.@simn_bernard, co-fondateur de @PlasticOdyssey, premier bateau propulsé par des déchets plastiques : "Ce bateau c'est une sorte de laboratoire du recyclage" #E1CCpic.twitter.com/QhdTFIWg9D
— Circuits Courts (@CircuitsCourts) 18 avril 2018
Comme lui, le laboratoire océanographe de Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, essaie de trouver des solutions à l'abondance de plastique dans les océans. Là-bas, les chercheurs du CNRS tentent de "voir l'impact de la pollution en mer" et de "vérifier l'efficacité de certaines directives", explique Maria-Luiza Pedrotti, responsable de recherche.
Éviter les emballages à usage unique ! La recherche, donc, mais aussi la sensibilisation : sur le front de mer, l'association Écogestes Méditerranée va à la rencontre des plaisanciers quand ils sont en zone de mouillage. Avec plusieurs recommandations : "télécharger l'application Donia pour visualiser les fonds marins, éviter les produits avec beaucoup d'emballages et ramener ces derniers avec soi quand on part en mer", détaille Jamila Poydenot, responsable de campagne. Côté conseils, refuser les sacs plastiques à usage unique est vivement recommandé par les spécialistes des océans.
Malgré tout, le tableau reste sombre : en 2050, on trouvera davantage de plastique que de poissons dans les océans, qui représentent 81% de la surface du globe. Et même si la sensibilisation progresse, l'urgence est toujours présente, alerte Lionel Cheylus, responsable de l'antenne bénévole de Surfrider à Paris, association de protection des océans. "80% des déchets de l'océan viennent de l'intérieur des terres et dérivent avec les vents et les courants. Un des déchets qu'on retrouve le plus, ce sont les cotons-tige, car les gens les jettent dans les toilettes. Ils partent vers les stations d'épuration, qui font ce qu'elles peuvent mais qui n'ont pas la capacité de tout éliminer. On a pourtant réussi à faire interdire, à partir de 2020, la vente de coton-tige avec embouts en plastique", explique-t-il, convaincu que "chacun a quelque chose à faire" pour lutter contre la croissance de ce septième continent, d'une taille trois fois supérieure à celle de la France, disséminés un peu partout dans le monde.