Le parcours scolaire d’un jeune Français était déjà jalonné d’évaluations en tous genres, décidées par les professeurs. En plus de ces traditionnels "devoirs sur table", les élèves vont désormais devoir plancher sur plusieurs évaluations nationales, et ceux dès le plus jeune âge : dès cette année, tous les élèves de CP, CE1, 6e et seconde seront soumis à des examens annuels similaires, pour tester leur niveau (plus de détails dans notre article ici). Pour les parents comme pour les enfants, ces nouvelles épreuves peuvent s’avérer source de stress. Comment l’éviter ? Comment accompagner ces enfants dans la préparation de ces évaluations ? Nous avons demandé à Stéphane Clerget, pédopsychiatre et auteur de Comment bien apprendre pour réussir à l’école ?.
Comment parler d’une évaluation à un élève de CP ? Quels mots employer pour qu’il comprenne ce que l’on attend de lui, sans le stresser ?
Tous les enfants ne fonctionnent pas de la même manière. Certains supportent mieux la pression que d’autres. Si votre enfant est de nature compétitrice, vous pouvez lui dire de donner le meilleur de lui-même, lui dire qu’il a tout pour réussir, qu’il rebondira même s’il échoue. Mais il y a des enfants plus sensibles au stress, plus inhibés. Dans ce cas, j’encouragerais plutôt les parents à essayer de parler de l’évaluation elle-même, de manière positive. Il s’agit de la rendre la moins angoissante possible. On peut leur expliquer que l’idée n’est pas de les sanctionner ou de les placer dans une logique de concurrence, mais de savoir s’ils ont bien compris ce que disait le professeur. Le but de ces évaluations, en effet, n’est pas de savoir où l’élève peut s’améliorer (ce qui le remettrait en question) mais de voir ce qu’il n’a pas compris, afin de lui réexpliquer à l’avenir.
Concernant les révisions, quel doit-être le rôle des parents ? Si l’on était nul en maths à l’école, il n’est pas toujours facile d’expliquer les multiplications ou les divisions à son enfant…
Je pense que les parents ne sont pas obligés d’aider leurs enfants sur toutes les révisions. De manière générale, si l’on a un souvenir douloureux de l’école, si l’on ne se sent pas capable de leur expliquer un cours avec pédagogie, patience, calme, il vaut peut-être mieux confier les révisions à l’autre parent ou à une personne tierce. Et si cela s’avère compliqué, il ne faut pas hésiter à en parler au professeur pour construire un accompagnement ensemble. Le risque, sinon, est de transmettre notre anxiété aux enfants.
" Parfois, même si l’on ne s’en rend pas compte, les camarades de classe se mettent la pression entre eux "
Le rôle du parent n’en est pas moins important : il faut veiller à ce qu’il se couche tôt, à ce qu’il ait des "rituels" quotidiens pour faire ses devoirs et/ou réviser, d’autres pour respirer et s’aérer. L’évaluation, d’ailleurs, peut permettre de savoir si l’organisation que les parents ont instaurée fonctionne. Au contraire, il serait biaisé, je pense, de faire réviser son enfant à fond juste avant l’évaluation. Cela n’aiderait pas à savoir si son rythme "ordinaire" est le bon.
Et le jour J ? Quels conseils donner à son enfant pour ne pas qu’il succombe au stress ?
Il y a quelques petites astuces pour faire retomber la pression. Vous pouvez, par exemple, lui donner des conseils du type ‘si tu as l’impression d’avoir oublié, passe à la question suivante’ ou ‘si tu ne te sens pas bien, ferme les yeux et respire cinq fois, très profondément’. Cela peut l’aider sur le moment et le rassurer dès maintenant.
De manière générale, ce type d’évaluation peut s’avérer un bon moyen pour comprendre le rapport de votre enfant à la pression. S’il a des bons résultats toute l’année mais qu’il a une mauvaise note à l’évaluation, cela peut vouloir dire qu’il faut travailler ce rapport à la pression, avec des professionnels, avec les équipes pédagogiques. Parfois, même si l’on ne s’en rend pas compte, les camarades de classe se mettent la pression entre eux. Ils font circuler des rumeurs du type ‘si ne réussis pas, tu seras renvoyé’, ils extrapolent les angoisses de leurs parents. Les enfants les plus sensibles risquent de se retrouver, le jour J, paralysés devant leur propre inquiétude. Il est alors important de pointer l’origine du problème et de travailler dessus.